« Alyah », d’Elie Wajeman, entre polar et drame sentimental

Alex Raphaelson a vingt-sept ans. Il est séparé d’Esther, a perdu sa mère, son père ne lui témoigne aucune affection, quant à son grand frère Isaac, il ne lui rend visite que pour lui emprunter de l’argent, ou le charger de régler ses problèmes extra-conjugaux…

alyahHabitant dans les quartiers Nord de Paris, Alex vit du deal de shit. Mais lorsqu’à un diner de shabbat chez son cousin Nathan, celui-ci lui apprend qu’il part s’installer à Tel Aviv pour y ouvrir un restaurant, Alex décide lui aussi de tenter l’aventure, et de quitter une ville et un pays où il n’a pas d’attaches.

Cependant, pour qu’Alex puisse participer à l’affaire en tant qu’associé, il doit avancer la somme de 15.000 euros, somme qu’il ne possède pas. Pour la rassembler, et alors qu’il tentait de décrocher, il va franchir une étape supplémentaire en se livrant au deal de cocaïne, plus lucratif. Un trafic de drogue pour rejoindre la Terre Sainte.

Autour de la magnifique aventure humaine que représente l’alyah – le fait pour un Juif d’immigrer en Israël, Elie Wajeman nous livre avec Alyah un superbe film mêlant histoires d’amour, d’amitié, et de relations familiales compliquées. Dynamique et ne laissant que peu de répit au spectateur, il est parfaitement maitrisé, servi par une distribution emplie de justesse – Pio Marmaï bouleversant de sincérité, mais aussi Cédric Kahn, dont c’est le premier rôle au cinéma, dans le rôle d’Isaac, ou Sarah le Picard dans celui d’Esther, entre autres, sont simplement magistraux, de superbes scènes – celle du départ au restaurant, entre Alex et Jeanne, et des plans parfaitement étudiés – vitre du taxi collectif à la gare routière de Tel Aviv, dernière image d’Alex à la fenêtre de son immeuble, etc. Si l’on ajoute à tout cela la bande son de Rodriguez, Sugar Man, qui donne à l’ensemble émotion et mélancolie, on obtient, et n’ayons pas peur des mots, un pur chef-d’œuvre !

Pour pénétrer dans les locaux de l’Agence Juive et appréhender ce qu’est l’alyah afin de mieux la transposer à l’écran, Elie Wajeman a préféré se faire passer pour un candidat à l’immigration. « La première fois que je me suis rendu à l’Agence Juive pour faire des recherches, confie-t-il, il y avait un type un peu voyou devant moi dans la queue avec sa copine. Il s’était fait voler ses papiers et se présentait à l’Agence avec un certificat de vol. À l’accueil, on lui dit qu’il ne peut pas entrer dans l’Agence avec un document pareil. Le gars s’énerve : « Mais il faut absolument que je me casse en Israël ! Mon procès commence dans deux semaines ! » J’ai pensé : « L’histoire d’un bandit qui part en Israël, c’est quand même pas mal ! » Mais je ne voulais pas qu’Alex, mon héros, ait la police aux trousses ni qu’il ait commis un meurtre. Il devait partir pour des raisons plus intimes. »

Après des études de théâtre et de cinéma, Elie Wajeman, aujourd’hui âgé de 31 ans, entre à la Fémis – l’école nationale supérieure des métiers de l’image et du son, dans la section scénario, où certains de ses cours sont dispensés par… Cédric Kahn lui-même. Projeté à Cannes et présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en mai 2012, il signe avec Alyah son premier long-métrage, pour lequel il a puisé ses inspirations dans la 25ème heure de Spike Lee, ou Two Lovers de James Gray entre autres. Un réalisateur à ne pas perdre de vue !



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Si vous désirez aller plus loin :

Alyah, d’Eliette Abécassis, aux éditions Livre de Poche.
Alyah, d’Elie Wajeman, le DVD

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