« Anna’s Vienna » : une ode à la Sécession Viennoise, à la maison Ticho de Jérusalem

Lorsque le docteur Albert Ticho et sa jeune fiancée Anna arrivent de Vienne en Palestine en 1912, ils décident de s’installer à Jérusalem.

Spécialiste renommé, Albert Ticho prend à partir de 1919 la tête du département ophtalmologique de l’hôpital Rothschild et ouvre, avec l’acquisition d’une vaste demeure rue Rav Kook, sa propre clinique en 1924.

Bâtie dans le style traditionnel ottoman au cœur d’un vaste et luxuriant jardin, elle fut une des premières maisons à être construites en-dehors des remparts de la Vieille ville. Le rez-de-chaussée, consacré à la clinique, verra passer dans ses salles les noms les plus illustres de l’époque dont le roi de Jordanie, tandis que le premier étage sera réservé aux appartements privés du couple.

De formation artistique – elle a suivi durant quatre années des cours en art, Anna quant à elle consacre son temps à la peinture et aux voyages, et tout particulièrement à Vienne, « sa » ville où elle se rend de nombreuses fois. Elle y visite galeries, musées, et suit avec attention l’évolution de la scène artistique moderne, notamment les œuvres de Gustav Klimt et d’Egon Schiele.

Lorsqu’elle décède en 1980, vingt ans après son époux, la maison, la bibliothèque et l’intégralité de sa collection sont léguées au Musée d’Israël.

En plus des dizaines d’oeuvres d’art, elle comprends également quelques cent-cinquante chandeliers de ‘hanoukka qu’Albert Ticho avait rassemblé durant quarante années, provenant de diverses régions du monde : Afrique du nord, Syrie, Irak, Europe centrale, Russie… Une collection exceptionnelle qui couvre près de cinq siècles.

L’exposition Anna’s Vienna, présentée dans la demeure du couple aujourd’hui transformée en musée, présente un bref mais intéressant aperçu de ce qu’était cette Vienne du début du 20ème siècle, alors l’un des plus importants centres culturels et artistiques d’Europe, foyer de l’Art Nouveau et de la Sécession…

Au rez-de-chaussée, de nombreux dessins d’Anna Ticho voisinent avec de rares études de Gustav Klimt ou d’Oskar Kokoshka : crayon ou stylo sur papier, lithographies d’affiches d’Adolf Boehm pour la 8ème Exposition de la Sécession en 1900, ou encore celle de la 18ème édition, signée par le père du Baiser.

Dans un coin, The Sitting Machine, fauteuil de Josef Hoffmann crée en 1904 pour meubler le sanatorium Purkersdorf, rappelle par ses lignes résolument actuelles la vision moderne de ces artistes du siècle passé.

On trouve également dans cette première salle le chef-d’œuvre incontestable de l’exposition, une huile sur toile de 1915 d’Egon Schiele, Kruman, crescent of houses (The small city V), estimé à cinquante millions de dollars et exigeant à lui-seul une surveillance jour et nuit.

Les quatre salles de l’étage proposent quant à elles des pièces de mobilier signées Hoffmann – porte-chapeau de 1905, table de travail de 1913, le chaise dite « Vienna’s café » de 1850, de Michael Thonet, considérée comme l’une des plus importantes en terme de design —, Koloman Moser – chaise modèle F213 de 1901 —, mais également de très nombreuses pièces d’argenterie, des porcelaines du 19ème siècle, de la verrerie, des objets cultuels — bougeoirs et chandeliers en argent repoussé, des lorgnettes en or et pierres précieuses, un ramasse-miettes argenté, l’album photo d’Anna Ticho, en cuir et argent, rassemblant une partie de sa collection de cartes postales du début du 20ème siècle jusqu’à environ 1915…

En tout, ce sont plus de deux-cents pièces qui sont présentées dans cette très belle exposition, à découvrir jusqu’au 4 juin 2013.

Entrée gratuite. Horaires et informations sur le site de la Maison Ticho.

Si vous désirez aller plus loin :

Le moment viennois. Chroniques de la modernité à l’époque de la Sécession Viennoise, de Pascal Morand, aux éditions Eyrolles. 214 pages. 19,90€.
Au temps de Klimt : la Sécession à Vienne, ouvrage collectif, aux éditions 24 Ore Cultura. 230 pages. 33,00€.
Klimt, de Serge Sanchez, aux éditions Folio. 320 pages. 9,80€.
L’ABCdaire de Klimt, d’Alyse Gaultier, aux éditions Flammarion. 120 pages. 3,95€.
Klimt, dessins et aquarelles, aux éditions Hazan. 400 pages. 25,00€.
Gustav Klimt : Tout l’oeuvre peint, de Tobias Natter, aux éditions Taschen. 672 pages. 16,00€.
Egon Schiele : Narcisse écorché, de Jean-Louis Gaillemin, aux éditions Découvertes Gallimard. 160 pages. 16,30€.
Egon Schiele. Dessins et aquarelles, de Ivan Vartanian et Jane Kallir, aux éditions Hazan. 496 pages. 35,50€.
Vienne. Art Nouveau, de Janina Nentwig, aux éditions Place des Victoires. 400 pages. 39,95€.

Et pour la jeunesse :

Klimt : Judith et Holopherne, de Jean-Luc Cornette et Marc Renier, aux éditions Glénat. 56 pages. 14,95€.
Le gardien de l’arbre : Klimt, de Anja Klauss et Myriam Ouyessad, aux éditions L’élan vert. 32 pages. 14,95€.
Le Chat de Gustav Klimt, de B. Capatti et O. Monaco, aux éditions Grasset. 38 pages. 14,90€.
Le petit Egon Schiele, de Catherine Deduve, aux éditions Kate Art. 32 pages. 13,95€.
Egon Schiele, Xavier Coste, aux éditions Casterman. 66 pages. 18,00€.
Les Grands Peintres. Egon Schiele, « Le cardinal et la nonne », de Dimitri Joannidès et Nicolas Sure, aux éditions Glénat. 56 pages. 14,95€.

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