Paradoxalement, Cette nuit, de Joachim Schnerf, se déroule paradoxalement le matin de Pessah, juste avant la fête. Salomon, le personnage principal est veuf. Il doit affronter le soir-même son premier séder sans Sarah, son épouse. Pour ce premier soir de fête, Salomon sera entouré par ces filles, gendres et petits-enfants.
Il se remémore plusieurs moments de sa vie, principalement durant ces mêmes fêtes, et songe à celle qui doit avoir lieu ce soir-là avec, comme différence de toutes les autres, son veuvage. Il imagine également les réactions à venir de chacun, la tournure des événements…
Ainsi, les différents sédarim passés se mêlent à celui à venir. Le rituel est le même, les invités aussi. Les profils des personnages apparaissent les uns après les autres, chacun avec ses forces et faiblesses, bien ancré dans sa génération et son caractère.
Salomon est un rescapé de la Shoah. Il ne parle pas de cette époque, sauf quand il lance des blagues, souvent d’un goût douteux, qui mettent les protagonistes mal à l’aise. Parfois il s’oublie et laisse par mégarde échapper un souvenir, se reprenant aussitôt et se cachant en hâte derrière ses pires histoires et devinettes.
L’humour est peut-être la politesse du désespoir, en tout cas Salomon habille son quotidien d’humour noir, quitte à choquer. C’est sa manière de jeter un vernis pudique sur cette période et ce camp qu’il a quitté physiquement, mais dont les acteurs continuent à le poursuivre.
Il montre dans le cours de ses pensées une grande tendresse pour chaque membre de sa famille ainsi qu’une grande lucidité à leur encontre.
Pour ce second roman, à travers l’immuable rituel du séder de Pessah, Joachim Schnerf nous offre un récit poignant, oscillant entre le rire et les larmes.
Cette nuit
Si vous désirez aller plus loin :
– Mon sang à l’étude
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