« Elser, un héros ordinaire » : l’histoire d’un attentat historique manqué

Premier d’une longue série, l’attentat de novembre 1939 visant Adolf Hitler dans une brasserie de Munich aurait sans aucun doute pu changer le cours de l’Histoire s’il avait abouti.

Il s’en est pourtant fallu de peu…

Elser, un héros ordinaire revient sur la vie et le destin héroïque et méconnu de l’instigateur de cet attentat manqué : Georg Elser.

Menuisier dans la ville de Constance, membre de l’Union des Combattants du Front Rouge, Georg Elser rejette dès le début le nouveau régime au pouvoir, refusant même de faire le salut nazi. Persuadé que l’invasion de la Pologne annonce le chaos en Europe, il décide d’agir.

Son expérience au service d’un horloger lui offre la possibilité de créer lui-même le mécanisme de mise à feu à partir d’accessoires de vieux réveils ; une véritable prouesse technique car l’explosion devait se produire quelques cent quarante-cinq heures après l’activation du mécanisme. Il vole la dynamite dans une carrière toute proche, et les détonateurs dans une usine de métallurgie.

« Elser n’était pas un homme engagé politiquement mais un homme libre qui croyait en l’individualité et l’autodétermination, un homme curieux du monde qui l’entourait et qui voulait échapper aux carcans du milieu rural. Il voulait se battre contre un système qui prônait la violence et interdisait toute marque d’individualité et de créativité. »

Oliver Hirschbiegel, Réalisateur.

Durant trente nuits, après s’être laissé enfermer dans la brasserie chaque soir, il va creuser la base d’une colonne située juste au-dessus du pupitre où Hitler et toutes les hautes personnalités du Reich – Goebbels, Himmler, Von Ribbentrop… – devaient prendre place pour y cacher la bombe, quelques jours avant le meeting.

Si l’explosion épargne le chancelier et ses ministres, elle fera cependant huit morts et plus de soixante blessés.

Arrêté immédiatement après l’attentat, Georg Elser est conduit dans les bureaux de la SS, à Berlin. L’enquête est confiée à Heinrich Müller et Arthur Nebe, qui prendra part en juillet 1944 à l’opération Walkyrie aux côtés de Claus von Stauffenberg. Georg Elser est torturé, passe aux aveux, puis est envoyé à Dachau où il sera assassiné le 9 avril 1945.

Dix ans après La chute, le réalisateur allemand Oliver Hirschbiegel renoue donc, comme une introduction, avec un sujet qui le passionne – le 3ème Reich – et livre un nouveau long-métrage abouti et élégant aux allures de thriller historique, enrichi de rares images d’archives, et jouant des flashbacks et du clair-obscur des rives du lac de Constance aux bureaux de la SS.

« Je suis un homme juste. Je dois faire ce qui est juste. »

Georg Elser.

S’il revient sur un épisode-clé, Elser, un héros ordinaire replonge l’action dans le contexte social et politique dans lequel s’est déroulé cet événement : femmes humiliées en place publique pour avoir eu des relations avec des hommes Juifs, enfants membres des Jeunesses hitlériennes se moquant des chrétiens et des dévots, malnutrition et dureté des conditions de vie et, au final, le fruit d’une propagande qui fait doucement basculer un petit village bavarois attaché au communisme vers une idéologie fasciste émergente.

Elser, un héros ordinaire, d’Olivier Hirschbiegel. DVD. 109 minutes.

Si vous désirez aller plus loin :

Un attentat contre Hitler : procès-verbaux des interrogatoires de Johann Georg Elser, aux éditions Actes Sud. 128 pages. 7,45€.

3 commentaires sur « Elser, un héros ordinaire » : l’histoire d’un attentat historique manqué

  1. un complément de réflexion, sinon d’information, pourrait ici concerner Marinus van der Lubbe. En effet la piste complotiste a été remise en cause, en ce qui concerne l’incendie du Reichstag, et dans son cas personnel aussi le désaveu du Parti, qui avait renoncé à mener la lutte contre les Nazis là même où localement le rapport des forces l’aurait encore permis, peut avoir joué
    Cordialement

  2. Bonjour.
    Un point qui a son importance n’est pas suffisamment évoqué dans le film -qui semble avoir voulu éviter d’entrer dans les détails historiens spécialisés. D’où une erreur, dont rend compte l’article ci-dessus là où il écrit à propos d’Elser et de l’automne 1939 : « persuadé que l’invasion de la Pologne annonce le chaos en Europe, il décide d’agir ».
    En réalité ce fut dès 1938, au lendemain de la Conférence de Münich, qu’Elser conçut son projet. On sait que Daladier, de retour au Bourget, passe pour avoir dit « ah les cons! » au vu des badauds qui l’applaudissaient. Mais ils n’étaient pas seuls, à avoir l’illusion que la Paix venait d’être sauvée : et en Allemagne même cette illusion fut entretenue par ce qui pouvait subsister de propagande, d’un Parti communiste qui de toute façon n’en était pas à sa première bévue. Le mérite d’Elser fut d’avoir le courage de « penser contre », ce Parti dont il avait été proche : il estima qu’Hitler allait au contraire se trouver renforcé dans son bellicisme. En aucune façon il ne pensait que son geste, à lui seul, suffirait à provoquer la chute du nazisme mais estimait que le successeur se montrerait beaucoup plus prudent, avant d’engager cette marche vers l’ouest qui constituait alors un des objectifs du fûhrer…
    Cordialement
    En

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