« Histoire des marranes » : un périple dans l’Espagne et le Portugal de l’Inquisition…

« Histoire des marranes » débute par un cours d’histoire permettant au lecteur d’appréhender le climat politique qui poussa les Juifs d’Espagne et força ceux du Portugal à la conversion.

De là apparaît le terme « marrane ». Puis l’Inquisition.

Les « nouveaux chrétiens », pour reprendre un terme du livre, sont souvent rejetés par la société qui les a menés au baptême. Dans la mesure où ils ne sont plus soumis aux restrictions imposées aux Juifs, ils forment une menace sociale, et surtout économique.

De plus, les baptêmes ayant été d’une manière ou d’une autre forcés, un doute subsiste, à juste titre, sur la sincérité de la conversion. Pour prévenir tout retour en arrière, ces « nouveaux chrétiens » ne sont donc pas autorisés à sortir du pays, tandis que la surveillance de l’Inquisition, qui agit bien au-delà des frontières du Portugal et de l’Espagne, doivent quant à eux les dissuader de garder leur ancienne foi.

Comme l’explique Cecil Roth, les Juifs baptisés sous la contrainte, quel que soit leur niveau de sincérité, n’ont pas reçu l’éducation religieuse leur permettant de vivre en chrétien. A cela s’ajoutent les interrogatoires de l’Inquisition, injustes, humiliants et souvent brutaux, qui ne cessent que sur une confession de retour au judaïsme, ou sur la mort.

Malgré les interdictions, ces nouveaux chrétiens arrivent parfois à fuir, prétextant un pèlerinage et s’installant dans divers pays du Levant, mais aussi en Italie, aux Pays-Bas, en France, en Angleterre…

Si certains vivent des années d’errance, d’autres s’établissent et amènent souvent avec eux dans leurs bagages la prospérité pour leur pays d’adoption.

L’inquisition œuvra jusqu’à 1778 au Portugal et jusqu’en 1820 en Espagne où elle ne fut officiellement abolie qu’en… 1834.  L’égalité entre « nouveau » et « ancien » catholique fut quant à elle effective au Portugal en 1773, en 1860 en Espagne.

Au 20ème siècle, une prise de conscience collective eut lieu au sujet des marranes, qui malgré les siècles vivaient toujours comme à l’époque de l’Inquisition, continuant à respecter ouvertement la religion catholique ainsi que, secrètement, un culte « allégé » de la religion juive. Une sorte de « version marrane » du judaïsme.

Faute de textes, de maîtres, de liens avec le judaïsme extérieur, de nombreuses lois et traditions lois ne purent être transmises.

Fort et passionnant à la fois, Histoire des marranes explique à la fois la complexité de l’histoire du « marranisme », mais aussi la manière dont il a transformé le monde.

Histoire des marranes, de Cecil Roth, aux éditions Liana Levi. 341 pages. 12,00€.

Si vous désirez aller plus loin :

Les Juifs du roi d’Espagne. Oran 1509-1669, éditions Hachette. 240 pages. 21,10€.
Passeurs d’Orient : Les Juifs dans l’orientalisme, éditions de l’Eclat. 220 pages. 25,00€.
Les Juifs dans l’Espagne chrétienne avant 1492, éditions Albin Michel. 137 pages. 14,99€.
Juda Halévi, d’Espagne à Jérusalem, éditions Albin Michel. 172 pages. 8,90€.
Les rois catholiques, ou l’Espagne sous Ferdinand et Isabelle (1474-1515), éditions Hachette BNF. 174 pages. 12,80€.
Les victimes d’Isabelle II la Catholique, éditions Hachette BNF. 24 pages. 8,50€.
L’élixir de l’immortalité, de Gabi Gleichmann, aux éditions Grasset. 550 pages. 22,00€.

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2 commentaires sur « Histoire des marranes » : un périple dans l’Espagne et le Portugal de l’Inquisition…

  1. Très intéressants les livres de mme Roth

    On parle souvent des marannes comme s’ils avaient abandonné le judaïsme dû à la pression sociale et à l’étouffant système mis en place par l’inquisition et qui a duré de fait jusqu’à la dictature espagnole et portugaise, mais l’on parle moins de ceux qui n’ont jamais abandonné le judaïsme.

    Le Consistoire ne veulent pas de nous et nous reconnaître comme juif, ils demandant une conversion ce qui est absolument impensable nous devrons nous battre afin que ceux d’entre nous qui veulent revenir officiellement au judaïsme au lieu de continuer à pratiquer chez soi, soient reconnus.

    On a attendu des centaines d’années, nous ne sommes pas pressés 😉

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