« Il était trois fois. Lieux saints partagés », ou quand les religions coexistent…

Actuellement, et jusqu’au 21 janvier 2018, se tient à la Cité Nationale de l’Immigration – Palais de la Porte Dorée, Il était trois fois. Lieux saints partagés, une magnifique exposition qui met en lumière à la fois les lieux sacrés que se partagent les représentants des trois grandes religions monothéistes, et apporte des explications sur la manière dont Europe et Méditerranée ont pu coexister religieusement.

Ce « voyage » dans le bassin méditerranéen débute, bien entendu, par la plus sainte de toutes les villes : Jérusalem.

Trois fois sainte, Jérusalem concentre à elle seule la base des monothéismes. Sacrée à la fois pour les chrétiens, où eurent lieu la crucifixion et la résurrection de Jésus, pour les musulmans, car liée au départ du « voyage céleste » de Mahomet, et enfin des juifs, qui prient par milliers chaque jour au Mur des Lamentations, vestige antique du Temple édifié par le roi Salomon, Jérusalem est toujours aujourd’hui au cœur de tensions religieuses, au même titre que ses voisine Hébron et Bethléem.

Etroitement lié à la vie d’Abraham, le Caveau des Patriarches d’Hébron, le lieu le plus saint de la ville où reposent Abraham, Sarah et leur descendance, est aujourd’hui scindé en deux parties distinctes, une réservée au arabes, l’autre aux juifs. Quant à Bethléem, qui abrite la basilique de la Nativité, elle est elle aussi propre à la fois aux chrétiens, qui y attribuent le lieu de la naissance de Jésus, et aux musulmans, Bethléem étant la ville où Mahomet aurait fait escale pour prier là où était né « son frère Jésus ».

Tout au long de l’histoire, la Méditerranée et ses centaines d’îles ont été des lieux de rencontres et d’échanges, que l’éloignement du continent mettait en quelques sortes « hors de portée » des différents états et des autorités religieuses du continent. Un semblant d’indépendance religieuse qui a permis diversité et mixité des religions. Certaines de ces iles, aujourd’hui encore, maintiennent les traditions séculaires. Que ce soit à Lampedusa, jadis lieu de trêve et de refuge en cas de naufrage, associée depuis quelques années aux traversées de la Méditerranée par les « migrants », en Crète, où Nikos Stavroulakis a restauré l’une des deux synagogues de l’ile, vestige d’une communauté juive disparue pendant la Seconde Guerre mondiale, l’ouvrant aux fidèles des autres religions, ou encore Djerba, où est édifiée la magnifique synagogue de la Ghriba, la « mystérieuse », l’ « étrangère » en arabe, lieu de prière commun aux juifs et aux musulmans, les exemples de cohabitation religieuse sont nombreux en Méditerranée.

Des focus sont également faits sur des « bâtisseurs de paix », comme Louis Massignon, l’un des plus grands islamologues français du 20ème siècle, surnommé le « catholique musulman » par le pape Pie XI, mais aussi sur Paolo Dall’Oglio, Jésuite italien à l’origine de la restauration du monastère de Mar Mûsa, en Syrie, le chef militaire et anticolonialiste Abd el-Kader, qui sauva la vie de 1.500 chrétiens à Damas, ou encore André Chouraqui, qui oeuvra toute sa vie en faveur de la tolérance et du dialogue inter-religieux.

Et c’est d’ailleurs sur l’espoir de cette cohabitation confessionnelle que s’achève l’exposition, avec l’ambitieux projet House of One, à Berlin, une maison de prière et d’enseignement ouverte aussi bien aux juifs qu’aux chrétiens et aux musulmans, et qui rassemblera en un même lieu une synagogue, une église et une mosquée…

Présentée en 2015 au MuCEM de Marseille et en 2016 au musée du Bardo à Tunis, riche de très nombreuses œuvres – peintures, maquettes, photographies, extraits vidéo, livres et objets de culte, sculptures, amulettes… – provenant de la Bibliothèque Nationale de France, du MuCEM, du musée du Quai Branly, du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, du musée Chagall de Nice ou encore du musée de l’Armée, Il était trois fois. Lieux saints partagés permet une meilleure compréhension des trois grandes religions monothéistes, de ce qui peut éventuellement les diviser, mais aussi et surtout, de ce qui devrait les rassembler.

Il était trois fois. Lieux saints partagés, à voir jusqu’au 21 janvier 2018. Informations et réservations sur le site du Musée de l’Histoire de l’Immigration.

Si vous désirez aller plus loin :

Coexistences : Lieux saints partagés en Europe et en Méditerranée, le catalogue de l’exposition. 125 pages. 22,00€.
Lieux saints partagés, le catalogue de l’exposition au MuCEM, aux éditions Actes Sud. 200 pages. 32,00€.
Religions traversées : Lieux saints partagés entre chrétiens, musulmans et juifs en Méditerranée, aux éditions Actes Sud. 359 pages. 27,40€.

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