« Je grandirai plus tard », d’Elie Semoun

Bien loin des rôles de comique auxquels il nous avait habitué, Elie Semoun livre avec Je grandirai plus tard un récit émouvant et d’une profonde sincérité.

elie semoun autobiographie je grandirai plus tardS’il s’est montré réticent lors de la genèse du projet, ne voyant pas ce que sa vie pouvait avoir d’intéressant, n’imaginant même pas avoir des choses à raconter, il lui aura fallu six mois pour se décider et accepter de livrer le récit de sa vie.

Lorsqu’on lui demande pour quelle raison il est devenu humoriste, il répond « parce que ma mère est morte ». C’est en effet dans l’humour qu’il a trouvé, à onze ans, la force de se battre et de faire face à ce drame.

De sa jeunesse avec son père et ses frères et sœurs dans une cité d’Antony, il garde les souvenirs simples et précis d’un adolescent rebelle, avec l’humour pour seule arme.

Il se souvient de son premier baiser à Elke, une jeune allemande au « parfait profil d’aryenne » rencontrée lors d’un stage de géologie, de sa première expérience sexuelle, raconte pudiquement l’attirance de Laurent, son frère, pour les garçons, le sida qui le ronge peu à peu, sa mort en 2002 à une époque où, au faîte de sa gloire, la carrière de l’humoriste prenait le pas sur la complicité du petit frère. Cette perte lui fera poser sur l’homosexualité et la cause gay un regard différent.

A 19 ans, son premier cachet pour une publicité lui permet de quitter Antony et de s’installer dans une chambre de bonne du 16ème arrondissement. Elie Semhoun devient Elie Semoun.

Il croise dans les coulisses des cafés et salles de spectacles où il se produit des petits nouveaux comme Dany Boon, Elie Kakou, Muriel Robin, qui deviendra une amie sincère et fidèle, et surtout Franck Dubosc et Dieudonné, avec qui il partagera la scène de longues années. Elie Semoun parle avec une émotion palpable de cette période qui a inspiré nombre de duos, Éric et Ramzy ou Omar et Fred en tête, et sur laquelle il pose encore aujourd’hui un regard empli de nostalgie.

S’il évoque longuement sa carrière, ses carrières – après des premiers pas à la télé en 1988 aux côtés de Bernard Menez dans le sitcom Vivement Lundi, il jouera dans de nombreux films, montera sur les planches du théâtre Antoine pour Inconnu à cette adresse, et se lancera également dans la chanson avec deux albums –, il parle également de sa rencontre avec Annie, fille du producteur Jean-Emile Jeannesson, qui sera son épouse jusqu’à sa rencontre avec Juliette, de vingt ans sa cadette, et pour qui il quittera maison, femme et enfant.

Il évoque ses spectacles à Tel Aviv et son attachement à Israël, ses amis et anciens amis du showbiz, Henri Salvador qui l’a poussé dans son projet musical, Arthur qui a lancé ses « petites annonces » aux Enfants de la Télé, Gad Elmaleh, Michel Boujenah…, jusqu’à sa récente collaboration avec Francis Veber pour une adaptation sur scène du Placard, qui débutera le 24 janvier 2014 au théâtre des Nouveautés.

Plus proche du témoignage que de l’autobiographie, Je grandirai plus tard révèle un Elie Semoun qui a laissé tomber les masques de Toufik, de Kevina ou de Mickeline derrière lesquels il se cachait pour dévoiler un homme sensible, touchant, pour qui l’humour semble avoir toujours été un moyen d’oublier les blessures de l’enfant, de l’adolescent, de l’homme.

Je grandirai plus tard, d’Elie Semoun, aux éditions Flammarion. 240 pages. 19,90€.

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