« La loi du sang. Penser et agir en nazi », de Johann Chapoutot

Brassens ne pensait pas forcément aux victimes du nazisme quand il chantait « mourir pour des idées ».

Pourtant, cela semble une des causes des meurtres nazis perpétués. Dans La loi du sang, nous sommes en effet face à la genèse du nazisme.

Johann Chapoutot étudie les courants de pensées qui ont devancé le National-Socialiste et lui ont donné une telle ampleur et une telle capacité destructrice. Chaque explication est illustrée de citations. Ces courants de pensée ont été poussés à l’extrême.

Le nazisme a confronté culture indo-germanique et culture judéo-chrétienne. Selon elle tout les oppose et les difficultés du moment sont liées à la suprématie du judéo-christianisme dont les valeurs opposées aux valeurs indo-germaniques ont obligé l’enfouissement de celles-ci.

De là, tout est fait pour permettre au peuple germanique de pouvoir secouer le joug de l’ennemi et redevenir lui-même. Le raisonnement n’est plus individuel mais collectif. Les lois ne concernent plus la survie individuelle mais celle d’un peuple. Elles reprennent les qualités de férocité germanique. La pitié est exclue, elle ne peut exister que pour le peuple allemand. Cela exige une cruauté totale pour tout ce qui peut entraver la domination germanique y compris les allemands les plus faibles. L’ennemi premier est le judéo-christianisme. Il représente l’antithèse de l’idéal nazi.

Mais dans un première temps l’antisémitisme chrétien est utilisé pour anéantir les Juifs. Tuer les chrétiens est la deuxième étape.

Il ressort de tout cela un ensemble cohérent où le führer est la référence et sa loi est la Loi, où le but est le peuple allemand, ce qui implique la haine des autres.

Les racines sont aussi dans l’humiliation ressentie suite aux différentes défaites militaires. Et là vient à l’esprit 1918, mais la rancoeur nazie remonte beaucoup plus loin, au 17ème siècle, en 1618.

Selon la logique de la propagande nazie, le peuple germanique est victime, siècle après siècle, de traités d’armistice injustes. Il subit humiliation après humiliation. Il est trahi par ses ennemis. Un seul remède : conquérir les territoires dans lesquels vivent des minorités allemandes exploitées. Ainsi ils peuvent reprendre la place qui doit être la leur.

Pour cela soumettre l’est de l’Europe, sans hésiter à tuer dans un but défensif. Les élites étrangères aussi doivent mourir afin qu’il n’y ait qu’un chef. Celui-ci ne peut-être qu’allemand, le reste de la population devant être éduqué à être une main d’oeuvre au service de l’Allemagne. Un projet de colonies est aussi prévue pour les richesses contenues dans les autres continents, dans l’unique but de les exploiter.

De toute façon, selon la doctrine nazie, la vie des ressortissants des autres peuples n’a de sens qu’au service du peuple germain.

S’il est difficile de comprendre que ses idées aient pu être crues et appliquées, il faut savoir qu’elles circulaient, déjà éparses, en Europe depuis un certain temps.

En résumé, ce livre très intéressant de Johann Chapoutot  explique la philosophie qui poussa à tant de crimes et à si peu de regrets de la part des meurtriers. Il remonte aussi aux racines du système intellectuel nazi et montre la force de la propagande en analysant sans rien excuser, mais sans juger non plus, comment une théorie très critiquable peut avoir un telle force destructrice.

La loi du sang. Penser et agir en nazi, de Johann Chapoutot, aux éditions Gallimard. 576 pages. 25,00€.

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