« Le loup de Wall Street », de Jordan Belfort

Lorsqu’il intègre en mai 1987 la prestigieuse banque d’affaires L.F. Rothschild en qualité de connecteur – autant dire larbin, Jordan Belfort, 24 ans et tout droit sorti du Queens, va découvrir à Wall Street un monde frénétique où, entre deux rails de cocaïne, l’argent facile permet tous les excès.

le loup de wall streetSix ans plus tard, à la tête de Stratton Oakmont, l’une des plus grosses sociétés de courtage de la côte est, qu’il a démarré « dans le placard à balais d’un marchand de voitures d’occasions », il est devenu le loup de Wall Street et fait lui aussi partie de ces « maîtres de l’univers » qui tiennent l’économie mondiale du bout des doigts. Occupant quatre étages d’un prestigieux immeuble de Long Island, Stratton Oakmont achète des actions de sociétés non cotées, les fractionne, puis les revend dans sa propre salle de marchés. Grâce à son zèle et son insolence, et malgré des articles lapidaires dans le magazine Forbes, elle attire des jeunes traders de tout le pays – ils seront jusque 1.000 employés, et se démarque des établissements comme Merill Lynch, Morgan Stanley ou Salomon Brothers.

Enivré par cette ascension aussi rapide que délirante et qui a fait de lui l’homme le plus riche de Wall Street – il gagne alors jusqu’à 1.000 dollars par minute, il va se laisser aller à toutes les folies : maison de 24 pièces aux murs recouverts de soie dans le quartier de Old Brookville, voyages en hélicoptère – qu’il pilote lui-même, en Aston Martin ou en limousines avec chauffeur, suites à 4.000 dollars la nuit avec vue sur le lac de Genève, distribution de montres en or à la maternité lors de la naissance de ses enfants, rachat du yacht Nadine, long de 37 mètres et construit pour Coco Chanel… Mais aussi prostituées de luxe, et drogues. Beaucoup de drogues. Ses fréquents mélanges de somnifères, de Mandrax, de Xanax, de Valium ou de cocaïne l’emmènent régulièrement dans des paradis artificiels emplis d’hallucinations, l’éloignant chaque jour un peu plus de ses affaires et de sa famille.

Malgré les conseils de son ami et mentor Al Abrams, il se lance dans des transactions douteuses, trafique les cours de la bourse, viole les lois, et blanchis l’argent sale dans des paradis fiscaux. Autant de manipulations qui éveilleront les soupçons du FBI.

Epié, en proie à une paranoïa grandissante, Jordan Belfort commence alors une longue descente aux enfers, enchaine les cures de désintoxication, assiste impuissant à l’effondrement de Stratton Oakmont, et est finalement arrêté à son domicile. La caution de dix millions de dollars qu’il paie ne le mettra à l’abri que temporairement. Inculpé pour fraude fiscale, il est condamné et emprisonné pendant près de deux ans.

Soutenu par Joël Gotler, son agent littéraire, et Irwyn Appelbaum, le directeur de sa maison d’éditions, Jordan Belfort a décidé de rédiger durant sa peine ce livre-mémoire aux allures de repentir – et qui n’est pas sans rappeler Le bûcher des vanités, de Tom Wolfe, dressant par la même occasion un portrait édifiant et débridé du monde de la haute finance.

En 2007, Martin Scorsese rachète les droits du Loup du Wall Street et débute à l’été 2012 le tournage du film à New York. Dans le rôle de Jordan Belfort, on retrouvera donc Leonardo DiCaprio, qui signe ici sa cinquième collaboration avec le réalisateur, après Gangs of New York ou Shuter Island entre autres, mais également Jonah Hill, qui jouera le rôle de Danny Porush, l’associé de Jordan Belfort, ainsi que le français oscarisé Jean Dujardin, qui interprétera Jean-Jacques Andali, le banquier suisse du trader. Distribué par la Paramount avec un budget d’environ 100 millions de dollars, Le loup de Wall Street sortira aux Etats-Unis le 15 novembre 2013, et en France le 25 décembre 2013.

Le loup de Wall Street, aux éditions Livre de Poche. 768 pages. 8,10€.

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