« Le nouveau cinéma israélien » : l’ouvrage de référence de l’historien et critique Ariel Schweitzer

Si jusqu’en 1992, il n’existait en Israël qu’une seule chaîne de télévision, l’explosion du marché télévisuel allait laisser la place à des programmes aussi nombreux que variés, sériés télévisées en tête — Florentine, d’Eytan Fox, En analyse, de Sivan et Hagaï Levy, ou encore Shabbat, d’Eran Kolirin. Audimat oblige, celles-ci ont aujourd’hui laissé la place à la très populaire télé-réalité.

Dès le début des années 2000, on assiste à une réelle percée du cinéma israélien, qui s’était jusque-là fait discret – pour ne pas dire intimiste. Malgré un budget limité alloué par les différents gouvernements – ces derniers estimant nuisible à l’Etat hébreu l’image d’Israël véhiculée par le cinéma, les producteurs et réalisateurs se lancent dans l’industrie cinématographique, et gagnent petit à petit le devant de la scène internationale, essentiellement grâce aux aides internationales, comme ceux de la France ou de l’Allemagne.

Financièrement autonomes, ils sont dès lors libres d’aborder une multitude de thèmes, brossant toutes les couches et tous les aspects de la société israélienne contemporaine.

La place de la femme – et sa présence à l’écran, à la fois en tant qu’actrice et réalisatrice, émerge. En plus d’occuper la tête d’affiche, des actrices comme Ronit Elkabetz se lancent dans la réalisation, donnant naissance à des chefs-d’œuvre récompensés dans de nombreux festivals internationaux – Les 7 jours ou Prendre femme, qu’elle co-réalise avec son frère Shlomi ne sont que deux exemples.

Le thème de la religion apparaît à l’aube des années 2000 avec Kaddosh, d’Amos Gitaï, film dénonçant l’extrémisme religieux et évoquant avec sensibilité la condition féminine dans le milieu ultra-orthodoxe de Méa Shéarim, tandis que Samuel Maoz (Lebanon), Joseph Cedar (Beaufort) ou Ari Folman (Valse avec Bachir) exploitent le sujet de la guerre au Liban, et l’impact psychologique de cette dernière sur les soldats de Tsahal.

Eytan Fox, avec des films comme Yossi et Jagger, The bubble ou encore Tu marcheras sur l’eau — évoquant en toile de fond le sujet de la Shoah, rarement porté à l’écran par le cinéma israélien, à l’inverse des cinémas européen ou américain — sort l’homosexualité de la marginalité dans laquelle elle était jusque-là confinée.

Les sujets de société – inégalités sociales, conflits culturels et sociaux entre séfarades et ashkénazes, entre enfants d’immigrés et « sabras », ainsi que les documentaires engagés et militants d’Avi Mograbi sur l’épineux sujet de la question palestinienne, occupent eux aussi une place importante sur la scène cinématographique israélienne.

Une seconde partie donne la parole à des réalisateurs que ces deux décennies ont fait sortir de l’ombre. De par leurs points de vue et leurs témoignages, ils permettent au lecteur de poser un regard critique sur ce qu’est aujourd’hui le cinéma israélien.

Illustré de très nombreuses photos en couleurs de films ayant connu un vif succès à travers le monde, Le nouveau cinéma israélien est à ce jour l’ouvrage de référence sur le sujet, essentiel à tout cinéphile.

Le nouveau cinéma israélien, d’Ariel Schweitzer, aux éditions Yellow Now. 15,00€.

Partagez vos impressions

Cet article vous intéresse ? Laissez un commentaire.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.