Les arts sous l’Occupation : 4/5. Jazz et art dégénéré

L’élite allemande ne dédaigna pas l’art dit « dégénéré » tel le jazz en musique, ou le fauvisme en peinture, même s’il fut censuré.

arts sous occupation andre coeuroy histoire jazzSi les artistes interdits fluctuent selon une logique qui souvent nous échappe, Picasso, Modigliani, Mirò, Ernst, Klee, Duchamp et Chagall sont exclus du Musée d’Art Moderne car considérés comme étant dégénérés.

Le cas du jazz est intéressant. C’est une musique considérée comme dégénérée par les nazis car d’origine noire et anglo-saxone, voire juive. Voici une musique qui ne semblait pas pouvoir être jouée pendant l’Occupation – Marcel Legeay fut condamné à deux mois de prison et cinq mille francs d’amende pour avoir interprété de la musique américaine dans un foyer de soldats allemands au Mans –, et pourtant la réalité est plus contrastée.

Il s’avère que la meilleure période musicale de la carrière de Django Reinhardt, tsigane et jazzman, fut pendant l’Occupation.

Gérard Régnier, dans son livre Jazz et société sous l’Occupation, fait état que le jazz se porte plutôt bien. Il est très présent à la radio, de nombreux concerts sont programmés, des concours amateur sont organisés… L’absence de disques est plus due à une rupture de stocks qu’à une interdiction.

Même si la règle était de travestir le jazz américain en francisant les noms des morceaux, il arrivait que certains, présentés sous leur nom anglais, puissent être joués. On observe même que non seulement le jazz n’est pas censuré, mais que les allemands viennent l’écouter. Un livre sur le jazz, Histoire générale du jazz : strette, hot, swing, écrit par le collaborateur André Coeuroy, sera même publié en 1942 aux éditions Denoël.

Je parle bien sûr ici du jazz et non pas du swing et des zazous, qui furent un phénomène de l’époque. Ils résistèrent à leur manière.

Le plus dur fut l’interdiction de danser qui exista à cette époque, jazz et danse faisant en effet bon ménage. Les cours de danse étaient heureusement autorisés, et les dérogations demandées en général accordées, ce qui permit de contourner la plupart du temps l’interdiction.

Sophie MASSON pour Cultures-J.com.

Merci aux éditions les Arènes, Découvertes Gallimard, Plon et L’Harmattan pour leur contribution à la rédaction de cet article. Vous pouvez retrouver les ouvrages qui ont été utilisés ci-dessous :

– Paroles de l’ombre 2. Poèmes, tracts, journaux, chansons des Français sous l’Occupation, de Jean-Pierre Guéno et Jérôme Pecnard, aux éditions les Arènes. 112 pages. 34,80€. Un livre très visuel et tactile qui permet de comparer écrits de la Résistance et de la Collaboration, et de tenir entre ses mains fac-similés de document de l’époque.
– La vie culturelle dans la France occupée, d’Olivier Barrot et Raymond Chirat, aux éditions Découvertes Gallimard. 160 pages. 15,50€. Permet de par son format compact et pratique d’avoir un résumé complet, illustré et synthétique.
– Et la fête continue, d’Alan Riding, aux éditions Plon. 437 pages. 24,50€. Un ouvrage très complet qui traite des arts et du spectacle durant l’Occupation, tout en les replaçant dans l’Histoire, ce qui permet de mieux comprendre.
– Jazz et société sous l’Occupation, de Gérard Regnier, aux éditions L’Harmattan. 300 pages. 28,00€. Ce livre met en lumière toutes les subtilités des différentes sortes de jazz afin de bien appréhender cette époque à-travers lui.

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