Les tribulations du camarade Lepiaf entraîne le lecteur dans la vie des émigrés allemands en région parisienne en 1934.
La postface nous apprend qu’Arthur Koestler s’est appuyé entre autres sur son expérience personnelle pour écrire ce livre, dans lequel les émigrés sont d’autant plus fragilisés que tous leurs proches n’ont pas forcément pu fuir l’Allemagne. Certains membres des familles des enfants se trouvent en camp de concentration, d’autres sont décédés.
Ces familles de réfugiés se retrouvent de plus éclatées du fait que le centre d’hébergement pour émigrés Juifs n’est pas adapté et sur le point de fermer. Le lecteur s’aperçoit que pour le bien de leurs enfants, les parents doivent les confier à une autre famille ou à une institution. Aucune solution n’est définitive et certains enfants vivent une expérience instable : leur logement du jour n’est pas forcément celui de la veille.
Quand on arrive à la suite de Peter, à Sourcilles, le foyer est sur le point de changer de directeur. Les conditions sont chaotiques. L’idéal communiste est omniprésent et exclusif. Le foyer l' »Avenir » est un monde fermé où règne le Collectif. Ce dernier, composé uniquement d’enfants du foyer, le régente. Heureusement, cela engendre une certaine fraternité. Mais le courrier et les visites apportent des nouvelles de l’extérieur, imposent une ouverture et influencent les paroles et actions des enfants.
Le récit est d’autant plus poignant que la fiction s’ancre dans la réalité.
Au-delà de la fiction d’ailleurs, Les tribulations du camarade Lepiaf est aussi intéressant pour ce qu’il nous apprend sur cette époque, autant sur les conditions de vie des réfugiés que sur les violences déjà subies en Allemagne – avec la S.A. et les camps de concentration -, ainsi que sur ce que pouvait être la perception à un stade précoce de ce que pourraient être les conséquences de l’arrivée d’Hitler au pouvoir. En effet il faut avoir conscience avant de lire Les tribulations du camarade Lepiaf que lors de son écriture, ni la Nuit de Cristal, ni le pacte germano-soviétique n’avaient encore eu lieu.
Sophie MASSON pour Cultures-J.com.
Les tribulations du camarade Lepiaf
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