Mademoiselle Rachel, héroïne de la Comédie Française…

Depuis le 13 octobre 2011, le Petit Palais présente à travers 200 œuvres une exposition intitulée La Comédie Française s’expose au Petit Palais, événement qui est l’occasion de revenir sur l’histoire de cette maison tricentenaire, mais aussi plus particulièrement sur une de ses figures emblématiques : Mademoiselle Rachel.

comedie francaise au petit palaisFondée en 1680 par Louis XIV afin d’unir la troupe de l’Hôtel de Guénégaud – ancienne troupe de Molière, à celle de l’Hôtel de Bourgogne, la Comédie Française s’installe dans un premier temps rive gauche, à l’Hôtel de Guénégaud, aujourd’hui Hôtel des Monnaies. Contrainte de déménager à plusieurs reprises, passant de la rue de l’Ancienne Comédie au quartier de l’Odéon, la troupe ne s’installe définitivement au Palais Royal, qu’elle occupe toujours, dans le centre de Paris, qu’en 1799.

Jouant principalement des pièces empruntées aux grands classiques français, les trois salles aujourd’hui exploitées par l’institution – la salle Richelieu, le théâtre du Vieux Colombier et le Studio-Théâtre, s’ouvrent également aux mises en scène modernes ou aux auteurs étrangers allant de William Shakespeare à Samuel Beckett.

Riche d’environ 360 tableaux, 270 sculptures, de dizaines de livres, manuscrits, dessins et objets d’art, le fonds de sa collection est conservé dans les locaux de la bibliothèque-musée, fonds que cette exposition-événement nous permet en partie de découvrir.

Sectionné en cinq actes, et évidemment placé sous le signe Molière, le parcours ramène le visiteur à la genèse du projet royal, le replongeant dans l’univers de la troupe à travers ses différentes demeures, son répertoire, ainsi que sur le métier de comédien et l’influence de certains d’entre eux sur les peintres ou les sculpteurs de l’époque.

Bien que la scénographie ne soit guère à la hauteur d’un tel sujet – on aurait pu s’attendre à des décors de salles aux allures théâtrales où se seraient mêlées dorures et velours carmin, la succession d’espaces propose aux visiteurs de découvrir, outre le fauteuil original de Molière, maquettes, costumes, bijoux, ainsi qu’un grand nombre de sculptures et de tableaux. Figurant parmi les gloires qui ont le plus durablement contribué à la renommée de la Comédie Française, Elisabeth Rachel Felix, plus connue sous le seul prénom de Rachel, occupe une place de choix.

Née le 28 février 1821 dans une auberge de Suisse centrale, Rachel est issue d’une famille extrêmement pauvre. Alors qu’elle n’a qu’une dizaine d’années, elle est remarquée par le professeur Alexandre-Etienne Choron, un philanthrope enseignant la musique classique, qui propose à la famille Felix de gagner Paris. Présentée à Saint Aulaire, sociétaire de la Comédie Française, puis à Isidore-Joseph Samson, auteur dramatique et professeur au Conservatoire, elle intègre celui-ci en octobre 1836.

Les deux années qui vont suivre vont permettre à la jeune fille d’appréhender tous les grands rôles tragiques, et lorsqu’elle intègre la troupe de la Comédie Française en 1838, sa première incarnation sera celle de Camille, dans la pièce de Corneille, Horace. Après ses succès dans EstherBajazet ou Bérénice de Racine, Le Cid de Corneille ou encore Tartuffe de Molière, elle enchaine les tournées en Belgique, en Angleterre – où elle sera même reçue par la reine Victoria, aux Pays-Bas…

A la fin de l’année 1845, Rachel met au monde son premier enfant, Alexandre, dont le père est le comte Walewski, fils naturel de Napoléon, et début 1848, son second fils voit le jour, Victor-Felix, fils d’Arthur Bertrand, lui-même fils de général.

Elle reprend la route avec des représentations en Europe du Nord et en Europe Centrale – Londres, Berlin, Vienne, Munich en 1850, Varsovie, Saint-Pétersbourg et Moscou en 1854, et part aux Etats Unis fin 1855. Cette dernière tournée, catastrophique, marquera un tournant décisif dans la carrière de la tragédienne, qui tombe malade. Les représentations sont annulées, et quelques semaines plus tard, la troupe se sépare. Affaiblie, Rachel rentre en France, mais le climat plus clément de sa villégiature dans le sud de la France ne sera d’aucun secours à la tuberculose qui la ronge. Elle s’éteint le 3 janvier 1858. Son corps, ramené à Paris, sera inhumé dans le carré juif du cimetière du Père Lachaise.

Immortalisée par des artistes tels que Devéria, Dubufe, Duret – qui signe une superbe sculpture représentant la tragédienne dans le rôle-phare de sa carrière, Phèdre, et qui accueille aujourd’hui les visiteurs de la salle Richelieu, ou encore Gérôme qui accompli le portrait intitulé La Tragédie, en hommage à la gloire de l’artiste, décédée un an plus tôt. Certains bijoux personnels ou portés sur scène sont également présentés au public, ainsi qu’une série de dessins au crayon d’Edouard Baille illustrant Rachel en pleine représentation dans PhèdreEsther ou Cléopâtre.

La Comédie Française s’expose au Petit Palais. Du 13 octobre 2011 au 15 janvier 2012. Tarifs, horaires et réservations sur le site du Petit Palais.

Si vous désirez aller plus loin :

– Mademoiselle Rachel en Amérique: (1855-1856), la dernière tournée.
Mademoiselle Rachel. Solitudes d’une tragédienne, biographie de Mademoiselle Rachel.

Partagez vos impressions

Cet article vous intéresse ? Laissez un commentaire.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.