« Marc Chagall. Le triomphe de la musique », à la Philharmonie de Paris

« Les deux merveilles du monde sont la Bible et la musique de Mozart. Et une troisième, naturellement, l’amour.« 

Marc Chagall.

Omniprésente dans son œuvre, liée à la fois au contexte familial et culturel Juif de sa ville, la musique occupe une place importante dans la carrière artistique de Chagall, dont le plafond de l’opéra Garnier, commande d’André Malraux afin d’instaurer un nouveau programme décoratif sur le thème de la musique et des arts, est sans conteste le couronnement.

Et ce sont d’ailleurs des esquisses de cet ensemble monumental, et une installation multimédia développée par le Google Lab de Paris, permettant au visiteur de s’approcher au plus près de l’oeuvre, qui accueillent le visiteur dans l’exposition, dont le parcours suit une chronologie inversée.

Un an de travail fut nécessaire à l’aboutissement de cette fresque qui constitue un véritable hommage à quatorze compositeurs et à leurs œuvres, de Giselle d’Adolphe Adam au Lac des Cygnes de Tchaikovsky, de la Flûte Enchantée de Mozart à Roméo et Juliette de Berlioz.

Avec de tels chantiers, les années 60 permettent donc à Chagall d’explorer une monumentalité nouvelle et de développer sa peinture pour de grands espaces, à l’image par exemple du magistral Comedia dell Arte, représentant une piste de cirque avec en son centre un cheval jouant du violon, entouré d’acrobates, de trapézistes ou de clowns, représentations employées par l’artiste comme métaphore du monde. Conçue pour le foyer du theatre de Francfort, dans une Allemagne alors en pleine reconstruction après des années de guerre et de crimes, Comedia Dell Arte revêt un caractère particulier dans son parcours artistique.

La première réalisation de Marc Chagall pour un opéra sera pour la Flûte enchantée, de Mozart. A la demande du metteur en scène, Gunther Rennert, il va réaliser pendant trois ans treize toiles de fond de vingt mètres de hauteur, 26 éléments de décors, et plus de 120 costumes dont cinq sont présentés dans le cadre de l’exposition, entourés de très beaux projets de décors et de costumes sur papier.

Passées les salles consacrées à son travail de sculpteur en terre de Provence, marbre (Les amoureux couchés), céramique, bronze (Maternité) ou plâtres (Bêtes fantastiques) qu’il réalise en grand nombre entre 1950 à 1970, le parcours revient sur la période d’exil qui le conduit à New York.

Dans la mégapole américaine, il fréquente le compositeur Stravinski, le peintre Zadkine, le chorégraphe Massine…

Bien qu’austères et peu propices à l’inspiration, ces années américaines seront cependant une période d’intense création avec deux expérience fondamentales : les ballets Aleko à Mexico, pour lesquels il va puiser son inspiration dans les traditions du Mexique, et L’oiseau de feu à New York, un ballet en quatre tableaux pour lequel il crée quatre rideaux de scène, dont celui du premier acte, La forêt enchantée. De nombreux costumes ainsi que des projets préparatoires, et une vidéo sur laquelle défilent des extraits du ballet ou des clichés des rencontres entre Stravinski et Chagall permettent au visiteur de mieux s’approprier ces épisodes peu connus.

Le parcours s’achève donc naturellement sur ses premières oeuvres de grands formats avec celles qu’il réalisa au début des années 20 pour le théâtre d’art Juif de Moscou, des décors et des costumes qui sont aujourd’hui considérés comme ses premier chefs-d’oeuvre. Si le rideau de scène et les décors du plafond ont malheureusement disparus, sept panneaux – Introduction, Le repas de noce, L’amour sur scène ainsi que quatre allégories à la musique, à la danse, au théâtre et à la littérature, – sont miraculeusement arrivés jusqu’à nous par le seul fait qu’à la fermeture du théâtre par Staline en 1949, ces réalisation uniques entrent dans la collection de la galerie Tretiakov de Moscou sous de faux intitulés, et sans mention du nom de l’artiste.

270 oeuvres — peintures, sculptures, dessins, maquettes de décors et de costumes —, prêts prestigieux rarement exposés en France et parcours musical autour des grands compositeurs qui ont inspirés Chagall font de Marc Chagall. Le triomphe de la musique une des expositions parisiennes à ne pas manquer en cette fin d’année.

De plus, elle peut également donner lieu à une escapade d’un week-end à la Piscine de Roubaix où se tient egalement jusqu’au 31 janvier une seconde exposition sur le même thème, Marc Chagall. Les sources de la musique.

Marc Chagall. Le triomphe de la musique, jusqu’au 31 janvier 2016 à la Philharmonie de Paris.

Si vous désirez aller plus loin :

Chagall et la musique, le hors-série Beaux Arts. 48 pages. 9,00€.
Chagall et la musique, le catalogue de l’exposition, aux éditions Gallimard. 360 pages. 45,00€.
L’abécédaire de Chagall, à petit prix, aux éditions Flammarion. 119 pages. 3,95€.
Le petit dictionnaire Chagall en 52 symboles, aux éditions RMN. 150 pages. 12,00€.
Chagall, la biographie complète, par Jackie Wullschläger, aux éditions Gallimard. 592 pages. 29,90€.
Chagall : entre guerre et paix, le catalogue de l’exposition, aux édition RMN. 240 pages. 35,00€.

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