« Misia, reine de Paris », l’exposition au musée d’Orsay

Née le 30 mars 1872 à Saint-Petersbourg, Marie Sophie Olga Zénaïde Godebska, plus connue sous le seul nom de Misia, est la fille de Sophie Servais et du sculpteur polonais, fournisseur de la cour du tsar, Cyprian Godebska.

Enfant difficile, principalement élevée en Belgique, elle est très tôt confiée à divers membres de sa famille, puis finalement placée en 1882 au couvent des sœurs du Sacré-Cœur de Paris, actuel musée Rodin.

Douée pour le piano, instrument duquel elle jouera jusqu’à sa mort, elle devient à Paris une proche de Gabriel Fauré, qui lui donnera des cours, lui permettant même de faire son premier concert en tant que pianiste en 1892. L’année suivante, sa rencontre et son mariage avec Thadée Natanson, qui a fondé quatre ans plus tôt avec ses frères Alexandre et Louis-Alfred la Revue Blanche, revue artistique et littéraire pour laquelle collaborent les plus grands artistes de l’époque, propulsent Misia dans le monde de l’art. Installée dans une somptueuse demeure de la rue Saint-Florentin, elle se forge en peu de temps une notoriété tant par ses talents de pianiste que par sa grande beauté. Tenant régulièrement salon, l’élite artistique de l’époque se succède rue Saint-Florentin : Mallarmé, Proust, Satie, Colette, Chanel – sa meilleure amie, Cocteau, Stravinsky, Max Jacob… Misia devient la « reine de Paris », et le modèle des plus grands peintres de l’époque. Toulouse-Lautrec, Bonnard – qui a réalisé pour sa salle à manger une série de quatre tableaux intitulée Jeux d’eau, Redon, Vuillard, mais surtout Renoir, qui avouera n’être « jamais fatigué de la peindre » font d’elle leur égérie, et une légende de la vie artistique de la Belle Epoque.

Artiste et muse, trop riche pour être une vraie bohémienne et trop passionnée d’art pour être une représentante de la haute société, elle est également mécène. Pendant dix ans, elle fiancera les productions des ballets russes de Diaghilev, avec qui elle se trouve de nombreux points communs – ils sont nés à Saint-Petersbourg, leurs mères sont mortes en leur donnant la vie, ils ont été délaissés par leurs pères…

En 1905, elle divorce de Thadée Natanson et épouse en secondes noces Alfred Edwards, richissime homme d’affaire et fondateur du Matin. Celui-ci divorcera peu après pour une jeune et belle actrice – Geneviève Lantelme, et en 1920, Misia se marie pour la troisième fois avec le peintre mondain José Maria Sert, qui fait actuellement l’objet d’une très belle exposition au Petit Palais.

En novembre 1945, elle décide de rédiger ses mémoires, qu’elle dicte au confident et secrétaire de son défunt époux, Boulos Rilstelhueber. Minée par les drogues et la morphine, devenue aveugle, esseulée, Misia, qui vit depuis quelques années la période la plus sombre de sa vie, s’éteint en octobre 1950 à l’âge de 78 ans.

Misia, reine de Paris, du 12 juin au 9 septembre 2012 au Musée d’Orsay.

Si vous désirez aller plus loin :

Misia : La vie de Misia Sert, d’Arthur Gold et Robert Fizdale, aux éditions Folio. 416 pages. 10,20€.
Misia Sert et Coco Chanel, de Dominique Laty, aux éditions Odile Jacob. 252 pages. 22,25€.

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