« Mr. Gaga. Sur les pas d’Ohad Naharin », le documentaire de Tomer Heymann

Mr Gaga. Sur les pas d’Ohad Naharin est un documentaire passionnant sur la vie et l’œuvre d’Ohad Naharin, célèbre chorégraphe israélien de la Batsheva Dance Company, de renommée internationale.

mr gaga ohad naharin batsheva dance companyTomer Heymann, le réalisateur, a eu l’idée de ce film il y a une vingtaine d’années, lorsqu’il a assisté  à l’une de leurs représentations qui l’a complètement bouleversé.

Pendant sept ans, l’équipe de tournage a suivi Ohad Naharin en tournée, en répétitions, ou lors de ses cours de danse Gaga. De nombreuses images et vidéos d’archives de sa vie personnelle sont également présentes dans le film, qui nous dévoile l’esprit créatif d’Ohad, l’un des plus grands chorégraphes de la danse contemporaine, et de son invention d’un langage chorégraphique unique et d’une technique de danse appelée « Gaga ».

Ohad Naharin, né à Mazra, un kibboutz au nord d’Israël, pratique très tôt la danse, la gymnastique et l’acrobatie, et fait son service militaire en pleine guerre de Kippour. Il débute sa carrière tardivement, à l’âge de 22 ans, au sein de la Batsheva Dance Company, fondée en 1964 par Martha Graham et la Baronne Batsheva de Rothschild. Sur l’invitation de Martha Graham, il intègre quelques années plus tard une école à New York pour y parfaire sa formation, et en 1980, à l’issue d’un casting réussi, il rejoint la Mudra, l’école de danse de Maurice Béjart à Bruxelles. L’occasion pour lui de découvrir tout ce qui ne veut pas faire. Il quittera cet établissement un an plus tard.

De retour en Israël, il rencontre Mary Kajuwara, une danseuse nippo-américaine qui deviendra son épouse, et prend en 1990 la direction de la Batsheva Dance Company.

Ohad Naharin a actuellement une trentaine de chorégraphies à son actif. Il crée des ballets sur mesure avec ses danseurs, leur imposant des torsions et des vitesses surprenantes. La technique « Gaga » qu’il a créée s’appuie sur une compréhension individuelle du corps et de ses limites, permettant à chaque interprète de les dépasser, libérant ainsi son corps. Toujours en quête de perfection et d’excellence, ses créations  évoquent la vie, l’amour, la violence, le sexe, l’humour…

« J’ai appelé cela ‘Gaga’, car j’en avais assez de parler de « mon langage », et j’avais envie de me référer à un mot  aux sonorités enfantines, le premier que j’ai prononcé d’après ma mère », confie-t-il.

L’actrice et réalisatrice Natalie Portman, qui fait une apparition dans le film, est adepte de la technique Gaga : « Il parle beaucoup du plaisir qu’on peut y trouver et c’est une donnée importante car la danse tourne parfois autour de la douleur. Mais c’est aussi un chemin vers la guérison, les gens soignent leur blessures grâce à ce langage… »

En 1998, lors des commémorations du cinquantième anniversaire de la création d’Israël, Ohad Naharin  se retrouve au milieu d’un scandale qui faillit bien renverser le Gouvernement. Les costumes de la chorégraphie d’Anaphase étant jugés « indécents » par les orthodoxes religieux, il subit des pressions jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat pour que ceux-ci soit changés. Ohad Naharin ne cédera pas, et préférera annuler la représentation prévue le lendemain. Le soutien populaire dont il bénéficiera lors de cet événement fera de lui un héros de la culture israélienne, et Anaphase se poursuivra finalement avec les costumes originaux.

Mr Gaga. Sur les pas d’Ohad Naharin a très bien été accueilli par le public en Israël, et a déjà remporté trois prix internationaux : le Prix du public au Festival South by Southwest (Etats-Unis), le Prix de la critique au Festival Tempo (Suède) et le Prix du meilleur documentaire au Festival de Sofia (Bulgarie).

Que l’on soit amateur de danse ou non, on est tout de suite happé par l’univers d’Ohad Naharin, au point d’oublier qu’il s’agit-là d’un documentaire. Captivant au plus haut point !

Mr Gaga. Sur les pas d’Ohad Naharin, en salle le 1er juin.

Jean-Yves DEVENDEVILLE pour Cultures-J.com.

Mr Gaga. Sur les pas d’Ohad Naharin, DVD. 103 minutes.

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