« Résister c’est exister » : la Résistance française s’empare du Studio Hébertot !

« Résister n’est pas une posture romantique idéaliste ; c’est assumer la liberté sans concession, entretenir une laïcité forte, défendre la République une et indivise. » Alain Guyard. 

Une dizaine de silhouettes suspendue à des chaines, marionnettes symbolisant une armée de l’ombre attendant patiemment d’entrer dans l’Histoire, une ambiance sombre et brumeuse, et une affiche choc qui ne manque pas d’interpeller : une croix gammée écrasée par un poing. Rien d’étonnant donc à ce que divers groupuscules néo-nazis l’ait prise comme terrain de jeu au dernier festival d’Avignon, placardant sur la svastika des autocollants d’ « Égalité et réconciliation », un site fondé par Alain Soral, ou encore des dessins racistes et antisémites signes Adolf…

Dans la salle pleine, l’obscurité cède doucement la place à la lumière, une lumière de laquelle surgit une nouvelle ombre, animée cette fois-ci, celle de François Bourcier qui, seul en scène durant près d’une heure trente, va relever un défi de taille : entrer dans la peau d’une quarantaine de personnages et faire revivre la Résistance française de 1940 à 1945.

Une à une, les ombres inertes prennent alors vie sous l’impulsion d’un narrateur qui ne connaît aucun moment de répit : Résistants ou Justes Parmi les Nations, il est tour à tour soldat américain, prisonnier des camps de concentration, gendarme, mineur en grève, militant communiste, ouvrier agricole, femme de ménage ou mère éplorée, médecin, directeur d’école…

Qu’ils aient été le fruit d’anonymes – étrangers espagnols ou roumains, membres des FFI ou des FTP-MOI -, ou de célébrités – Missak Manouchian, Pierre Georges, alias Colonel Fabien, Joseph Kessel… -, tous les actes évoqués ici sont bien réels : fabriquer et distribuer des tracts, saper le moral des troupes, chanter la Marseillaise devant des soldats allemands, saboter les moteurs des véhicules avec du sucre acheté au marché noir, faire du nom de Petain l’anagramme « inapte »…

« Quand on vous a tout pris, il ne vous reste que la dignité » clame François Bourcier, à l’origine de ce projet qui réveille les consciences.

Une quarantaine de protagonistes qui ne cherchaient ni la gloire ni l’héroïsme, mais se montraient simplement… humains.

Bien que déjà jouée plus de 600 fois depuis près de dix ans, Résister c’est exister est présentée pour la première fois à Paris.

Signés de l’auteur Alain Guyard, qui a notamment récolté des témoignages au Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, les textes sont forts et prennent une dimension particulière dans le climat social et politique ambiant.

Quant à la scénographie et à la mise en scène brillante d’Isabelle Starkier, elle est à la mesure de la gravité du sujet abordé : tandis que de subtils jeux de lumières se mettent au service de chaque personnage, dont certains disparaissent malheureusement dans la fumée des tirs de fusils ou de revolvers, d’autres appuient une bande-son mêlant Marseillaise et Chant des Partisans, extraits de Radio Londres ou berceuse yiddish , sans oublier la reccurente 5ème Symphonie de Bethoveen dont les notes dramatiques semblent avoir été composées pour ce spectacle.

Un très bon moment de théâtre et une grande prouesse scénique, actuellement et jusqu’au 19 mars sur les planches du Studio Hébertot.

Résister c’est exister, au Studio Hébertot. Renseignements et réservations sur le site du Studio Hébertot.

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