« Rock the casbah », de Yariv Horowitz

En Israël, où la réalisation d’un film apolitique est quasi-impossible en raison de l’éternel conflit entre Arabes et Juifs, il est des réalisateurs qui, comme premier thème, n’hésitent pas à s’attaquer de plain-pied aux sujets sensibles que représentent Tsahal – l’Armée de Défense d’Israël, et les implantations.  

rock the casbahEt plutôt que d’en faire une toile de fond, comme des événements parallèles à un autre récit, ils optent pour une totale mise en avant de ces thèmes, presqu’à la manière d’un reportage. Et c’est le cas avec Rock the casbah, le premier long-métrage de l’ancien photographe de combat devenu réalisateur, Yariv Horowitz.

Bande de Gaza, 1989. En pleine première intifada, quatre jeunes soldats sont envoyés dans la bande côtière afin de maintenir l’ordre. Jets de pierre et pneus brûlés ralentissent chaque jour leur avancée et ternissent encore un peu plus un paysage déjà dévasté, jusqu’à ce que lors d’une course-poursuite, l’un d’eux est tué, écrasé par un lave-linge lancé d’un toit – scène dérangeante et bouleversante de réalisme. Aussitôt, la maison est investie, et ses propriétaires questionnés. Prétendant ne rien savoir sur les auteurs du crime, ils devront composer avec l’unité de soldats qui établit un poste de surveillance depuis leur toit. S’engage alors une impossible « cohabitation » entre de jeunes militaires choqués à la recherche des responsables de la mort de leur ami, mais aussi à la recherche de leur présence sur place, et une famille arabe qui voit dans cette intrusion une effraction illégale, et surtout un message de collaboration avec l’ennemi Juif lancé aux habitants du quartier. Entre des adolescents avec des pierres et des cocktails Molotov pour seules armes face aux Uzis d’hommes à peine plus âgés qu’eux, et une quête de vengeance, la situation est explosive.

Pour ce premier film, Yariv Horowitz s’est inspiré de sa propre expérience de l’armée. Lorsque comme chaque israélien, il est appelé à dix-huit ans sous les drapeaux, ses études en cinéma contribuent à faire de lui un militaire armé d’une caméra, et non d’un fusil. Inspiré d’un fait réel qu’il a vécu, Rock the casbah, qu’il réalise plus de vingt ans après son passage dans la bande de Gaza, met en lumière la complexité de ce combat inégal qui semble pourtant sans fin, et aussi la pression, l’extrême nervosité et la déprime inavouée de ces jeunes gens que l’on envoie se battre sans réelle expérience du terrain, se prenant à rêver d’avenir et d’ailleurs.

Malgré la gravité du sujet et un film violent et rapide, Yariv Horowitz parvient à faire sourire avec des notes d’humour qui dédramatisent l’atmosphère, sans toutefois ne faire oublier ni le lieu, ni l’endroit de son action. Quant à la musique, qui pourrait à elle-seule être presque un « personnage » tant elle occupe une place prépondérante tout au long du film, elle emmène le spectateur de balades en hébreu, avec un groupe de soldates venues supporter les troupes pour un soir, aux grands classiques anglo-saxons de ces années-là – Mad world, de Gary Jules, ou encore ABBA pour ne citer qu’eux.

Un très bon premier film.

Rock the casbah, de Yariv Horowitz, en DVD.

Si vous désirez aller plus loin :

– Visitez le site officiel de Yariv Horowitz.

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