Trois films emblématiques d’Uri Zohar, aujourd’hui en versions restaurées

Chef de file de la vague de la nouvelle sensibilité en Israël, le réalisateur Uri Zohar met en scène dans ses long-métrages le mal être de sa génération désabusée. Le retour des soldats à la vie civile est difficile. Il filme alors une jeunesse en quête de sens, se jetant à corps perdu dans l’activisme, les projets insensés, ainsi que dans une sexualité effrénée.

Il faut dire que si la pilule est déjà apparue depuis quelques années, on ne parle pas encore de sida, et encore moins d’affaire Weinstein.

A travers les interrogations d’une génération, Uri Zohar parle aussi de sa propre quête de sens. Il finira par trouver une réponse dans le monde de la Torah et troquera sa caméra contre une kippa en devenant rabbin.

Aujourd’hui, trois de ses films ressortent en version restaurés.

3 jours et un enfant

Le film est tiré de la nouvelle du même nom de A.B Yehouda, et se déroule à Jérusalem.

Les personnages centraux sont d’un côté un jeune étudiant d’une trentaine d’année, non réellement engagé dans la vie même s’il vit avec une jeune femme, et de l’autre un garçonnet de trois ans qui lui est confié avec pour seul mode d’emploi, une alèse à mettre sous le drap la nuit.

Autour d’eux, différents personnages. : les parents du garçon apparaissent à peine, juste le temps de demander à Elie de les dépanner en prenant leur fils, puis pour de courts échanges liés à l’enfant ; l’amie d’Elie apparaît peu aussi puisqu’elle s’absente le temps de la présence du garçon, dont Elie ne lui parle d’ailleurs pas ; un couple qui partage leur téléphone est là juste pour appeler Elie si quelqu’un cherche à le joindre ; enfin, les parents de son amie apparaissent eux aussi, étonnés de son arrivée avec ce bambin.

En désespoir de cause, le petit garçon est donc confié au jeune homme, qui se montre tour à tour présent et absent face à l’enfant. Un comportement qui n’est pas sans donner quelques inquiétudes au spectateur lorsque le petit, qui a toujours vécu dans un kibboutz, explore l’une ou l’autre possibilité de la ville.

Si l’inquiétude est présente, l’humour est loin d’être absent, comme lorsqu’ils jouent à cache-cache dans un cimetière ou à la piscine, quand un nuage de filles dont il est le professeur l’entoure. Les dialogues sont assez pauvres, les émotions passant par le cadrage à travers des regards éloquents, ainsi que de nombre de gros plans.

Les voyeurs et Les yeux plus gros que le ventre font quant à eux partie de la trilogie de la plage, se déroulant à Tel Aviv et dont ils sont les deux premiers volets. Ces films mettent en scène des hommes infidèles, de mauvaise foi, violents et autoritaires entourés d’une bande plutôt jeune. La guerre semble loin même si dans chacun d’entre eux se trouvent quelques rappels, comme un pétard, une alerte ou encore les infos. Là encore les cadrages et les regards ont toute leur importance…

Les voyeurs

Le héros semble être un jeune musicien célibataire, immature et amateur de femmes. Seulement voilà, à un moment, épouse et enfant apparaissent. La femme supporte mal de voir son mari ne rentrer qu’au matin. Lui nie, cherche à culpabiliser son épouse avant de chercher son pardon, faisant des promesses qui visiblement ne seront pas éternelles.

Dans Les voyeurs, le réalisateur incarne lui-même le personnage de Gutte, ami du protagoniste. Gutte est surpris par la jeune femme ramenée d’un concert par son ami. Celle-ci semble clairement allumeuse tout en n’éprouvant pas forcément le désir d’aller plus loin. Autour d’eux s’agite une bande de copains qui profitent du talent de séducteur du héros pour l’espionner et se rincer l’œil, trouvant aussi le moyen d’explorer du regard les cabines de la plage. Chacun changera de camp au fil du film, parfois voyeurs ou adultères, parfois censeurs.

Plus gros que le ventre

Le film démarre en chanson. Celle-ci prévient le spectateur : Benny Furman a tout, mais il risque rapidement de tout perdre.

Benny Furman, de nouveau joué par Uri Zohar, est en effet marié, père de deux enfants dont il s’occupe beaucoup, responsable d’un groupe de basketteurs et porteurs de mille projets. Il se rend au club avec son plus jeune nfant, dans son berceau. Il s’y montre cœur d’artichaut, jusqu’à ce que sa femme l’apprenne. Il lui promet de ne plus recommencer tandis qu’elle ne sait comment elle peut le croire. Benny se trouve coincé dans une situation inconfortable entre une épouse méfiante, et des conquêtes qui ne se suffisent pas.

Un homme qui promet beaucoup sans toutefois donner l’impression qu’il saura tenir ses engagements.

Sophie MASSON pour Cultures-J.com.

Les voyeurs, de Uri Zohar. DVD. 86 minutes.
Les yeux plus gros que le ventre, de Uri Zohar. DVD. 76 minutes.
Trois jours et un enfant, de Uri Zohar. DVD. 80 minutes.

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