Véronique Fourcaud, « divine Bernhardt » au Ranelagh

Dans le cadre atypique du foyer du théâtre Ranelagh, dont la massive cheminée, les boiseries et les lustres étincelants font plus penser à un salon cossu du siècle passé qu’à une scène, Véronique Fourcaud incarne depuis le 14 janvier le personnage complexe et passionnant de celle qui fut l’une des principales ambassadrices de la culture française dans le monde.

sarah bernhardt toujours theatre ranelagh veronique fourcaud afficheUne coiffeuse, un paravent aux motifs floraux, une banquette et une console dans le plus pur style Art Nouveau – et pour cause, tous ces objets proviennent de la collection particulière de Pierre Cardin – se fondent dans le décor, au point de ne plus vraiment en être un.

Sitôt les premières paroles lâchées, Véronique Fourcaud impose sa présence et incite au respect. Elle déclame plus qu’elle ne parle. Elle est la « divine ». Dans sa loge, vêtue de tulle noire et de taffetas parme, la plus grande tragédienne du 19ème siècle s’apprête à entrer en scène pour interpréter Phèdre.

Lever de rideau dans une heure Madame Bernhardt ! s’exclame la camériste. Une heure. Le temps est compté, alors qu’elle a une vie à nous raconter. Sa vie. Fille de courtisane délaissée à une nourrice qui « aime comme on aime chez les pauvres, quand on a le temps », elle entre au couvent et envisage de devenir religieuse. Puis c’est le Conservatoire, la Comédie Française et Iphigénie, d’où elle est renvoyée pour avoir giflé une sociétaire, l’Odéon, son cher Odéon qu’elle transforme en hôpital militaire lors du siège de Paris. Elle fait la connaissance d’Hugo, puis joue Britannicus, Andromaque, Phèdre, le Sphinx, Hernani. En fond de scène, des projections défilent la montrant dans ses rôles les plus emblématiques.

Lever de rideau dans trente minutes Madame Bernhardt. L’heure de monter sur scène approche. La soie et le taffetas parme cèdent la place à une toge – signée Pierre Cardin – d’un blanc éclatant rehaussée d’une broche sertie de brillants. L’immense popularité de la « divine » est agaçante pour ses détracteurs, ses goûts fantasques, son mépris de la mode et ses conquêtes, nombreuses, sont autant de sujets de railleries. Mais peu importe. En novembre 1880, elle embarque pour une tournée triomphale outre-Atlantique. New York, Chicago, Montréal, Boston, la Nouvelle Orléans… Cinquante villes, et plus de cent cinquante représentations.

Lever de rideau dans quinze minutes Madame Bernhardt. Puis c’est le retour à Paris, le mariage avec Aristide Damala à Londres, la direction du théâtre de la Porte Saint-Martin, les problèmes de santé et les animaux exotiques – boa, alligator, caméléon –, une nouvelle tournée, Belle-Ile…

En scène Madame Bernhardt ! En scène ! Le rideau se lève. Phèdre entre dans la lumière. Le rideau tombe, Sarah Bernhardt quitte la scène. A moins que ce ne soit Véronique Fourcaud.

Sarah Bernhardt toujours !, au théâtre Ranelagh, tous les mardis jusqu’au 18 mars 2014. Réservations sur le site du théâtre Ranelagh.

Si vous désirez aller plus loin :

Sarah Bernhardt, de Sophie-Aude Picon, aux éditions Folio. 288 pages. 7,40€.
Sarah Bernhardt, de Claudette Joanis, aux éditions Payot. 218 pages. 8,15€.
Ma double vie, de Sarah Bernhardt, aux éditions Phébus. 516 pages. 12,80€.
Sarah, DVD de Bernard Murat, avec Fanny Ardant et Robert Hirsch.

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