1968-2008 : « 24 heures de la vie d’une femme », un film à l’histoire tourmentée…

Écrite en 1926 et publiée pour la première fois en 1927, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, nouvelle écrite par l’auteur autrichien Stefan Zweig, faisait à l’origine partie d’une recueil intitulé La confusion des sentiments, recueil salué par Sigmund Freud lui-même, et comprenait également Destruction d’un cœur.

Inspirée par le roman Vingt-quatre heures de la vie d’une femme sensible, publié un siècle plus tôt par Constance de Théis, princesse de Salm, l’oeuvre de Stefan Zweig, à l’instar de nombreuses autres, a été maintes fois adaptée à la télévision, au théâtre, mais également à deux reprises au cinéma : en 1968 avec Danielle Darrieux dans le rôle principal, puis en 2002, où c’était la comédienne Agnès Jaoui qui campait le personnage principal de Marie Collins-Brown.

Si la version de 2002, signée Laurent Bouhnik, se montrait fidèle à l’oeuvre originale, celle de 1968 en revanche, réalisée par Dominique Delouche, transposait l’histoire non pas sur la Riviera française mais en Italie, sur les bords du lac de Côme, en 1917.

Alice Scotland, veuve esseulée, fréquente l’aristocratie et la haute-société. Un soir, au casino, elle remarque un séduisant jeune homme, Thomas, qui semble n’avoir guère de chance au jeu. Désespéré et ruiné, il quitte la table de jeu, récupère discrètement son arme laissée au vestiaire, et disparaît dans les jardins de l’établissement sous une pluie battante.

Alice, tombée immédiatement sous le charme du séduisant inconnu et contre toute bienséance, le suit et tente de lui venir en aide avant qu’il ne commette l’irréparable. Thomas se révèle être un déserteur de l’armée autrichienne venu chercher refuge chez des amis, à Zurich.

Défiant les bonnes manières, Alice hèle une calèche, et accompagne le jeune homme dans un modeste hôtel de la ville, où les deux amants passeront une nuit torride.

Déchirée entre le désir de poursuivre cette aventure avec un homme dont elle ignore tout ou, au contraire, d’y mettre un terme sans plus attendre, Alice va vivre les vingt-quatre heures les plus intenses de sa vie.

Initialement programmé lors du 21ème Festival de Cannes en 1968, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme ne put malheureusement être projeté à l’époque en raison des manifestations secouant le pays. Sur la Croisette, le mouvement de soutien de certains cinéastes envers les étudiants et les ouvriers, mouvement emporté par François Truffaut, Roman Polanski ou Jean-Luc Goddard entre autres, conduira le Festival à fermer ses portes neuf jours après son ouverture, après la projection de seulement huit films sur les vingt-sept initialement prévus.

En 2008, quarante ans après cette édition tourmentée, le Festival de Cannes décide de projeter, dans sa sélection Cannes Classics, certains des films qui n’avaient pu être vus à l’époque en raison des événements : The Long Day’s Dying de Peter Collinson, Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais, Anna Karenine d’Alexandre Zarkhi, ou encore 24 heures de la vie d’une femme. L’occasion pour le grand public de découvrir, ou redécouvrir, le travail du réalisateur Dominique Delouche, qui signait en 1968 avec ce film son premier long-métrage.

Ancien assistant de Federico Fellini sur Il Bidone, Les Nuits de Cabiria ou La Dolce Vita, Dominique Delouche opte pour un adaptation différente de l’oeuvre originale, tant en termes d’époque que de scénario.

Filmé en pleine période troublée de Seconde guerre mondiale et en costumes – dessinés par le réalisateur lui-même, qui souhaitait « rester maître des formes et des couleurs » -, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme est tourné dans les magnifiques décors naturels du lac de Côme, en Lombardie, et fait la part belle à la sophistication et à l’esthétisme, portés par la très grande Danielle Darrieux. Une présence exceptionnelle qui ne parvient cependant pas à insuffler au film les éléments nécessaires pour combler le manque de rythme dont il souffre terriblement, peinant à mener le téléspectateur jusqu’à son terme…

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, de Dominique Delouche. DVD. 84 minutes.

Si vous désirez allez plus loin :

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, de Stefan Zweig, aux éditions Livre de Poche. 128 pages. 4,00€.
La confusion des sentiments, de Stefan Zweig, aux éditions Livre de Poche. 126 pages. 5,20€.

Et pour la jeunesse :

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, de Nicolas Otero et Stefan Zweig, aux éditions Glénat. 120 pages. 19,50€.

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