2/3. Glamour et iconiques, trois dames de cœur : Jackie, Grace et Marilyn.

Si vous avez eu l’occasion de visiter Jackie, une icône, actuellement présentée à la Galerie Joseph de la rue des Minimes, ne vous arrêtez pas en si bon chemin, et découvrez également l’exposition Divine Marilyn, cette fois à la galerie Joseph de la rue de Turenne. Comme un hommage-miroir aux deux femmes les plus emblématiques de la vie du président John Fitzgerald Kennedy, ces deux événements, présentés simultanément, vont de paire. 

La rivière sans retour, Les hommes préfèrent les blondes, The misfits, Sept ans de réflexion, Certains l’aiment chaud… Sur quelques 850m², Divine Marilyn présente deux-cents clichés de la star incontestée d’Hollywood, mettant particulièrement en lumière le travail de trois des plus grands photographes américains de l’époque : Sam Shaw, Milton Green, et Bert Stern, tous à l’origine de photographies aujourd’hui connues de tous, et ayant contribuer à faire d’elle l’icône mondiale qu’elle est devenue.

Sam Shaw, entré dans l’industrie cinématographique dans les années 50 et découvert grâce à une photo de Marlon Brando sur le tournage d’Un tramway nommé Désir, immortalisera les plus grands noms du cinéma, d’Ingrid Bergman à Humphrey Bogart, en passant par Fred Astaire, Elizabeth Taylor, John Wayne, Alfred Hitchcock, Sophia Loren, Woody Allen, Charlie Chaplin… Mais son cliché le plus célèbre, qui immortalisera non seulement Marilyn Monroe mais également toute cette époque du cinéma hollywoodien des années 50, il le réalisera lors de l’une de ses collaborations avec le réalisateur Billy Wilder sur le plateau de Sept ans de réflexion : la robe blanche de Marilyn s’envolant sur une bouche du métro new-yorkais. 

La scène photographiée par Sam Shaw fut filmée à New York le 15 septembre 1954 en présence d’une dizaine de photographes accrédités et de milliers de badauds et de curieux. Cris, sifflets, crépitements des flashs, déclics des appareils photos, bousculades… Les conditions de travail pour l’équipe du film vont vite se révéler infernales, et le silence complet, nécessaire pour le tournage de la scène, impossible à obtenir. Et pour couronner le tout, le joueur de baseball sicilien Joe DiMaggio, le second époux de Marilyn Monroe, débarque sur le plateau alors que la robe blanche de sa femme vole autour d’elle, offrant à des centaines de regards le spectacle de ses longues jambes nues prises dans le souffle d’air chaud d’une rame souterraine. Furieux, il fait interrompre le tournage et, après des explications animées avec Marilyn Monroe, regagne seul leur hôtel. 

Si aucune image de cette séquence ne sera finalement exploitable pour le film – elle sera retournée dans les studios californiens de la Fox six mois plus tard -, la publicité en vue de sa sortie prochaine fût quant à elle garantie. Quant au couple Monroe-DiMaggio, il ne survivra pas, et ils annonceront leur divorce dès le lendemain, à peine huit mois après leur union.

Une cinquantaine de photographies de Sam Shaw, essentiellement prises entre 1952 et 1962, sont donc ici présentées, dont de très beaux et émouvants clichés avec son troisième mari, l’écrivain Arthur Miller, à une époque où elle semblait être la plus heureuse.

Milton Greene quant à lui rencontre Marilyn Monroe pour la première fois en 1953 à l’occasion d’une séance photo pour le magazine Look. L’actrice et le photographe auront rapidement d’excellents rapports, tant professionnels que personnels, au point de créer, l’année suivant leur rencontre leur propre société de production : Marilyn Monroe Productions Inc. C’est peut-être cette intimité qui permettra à Milton Greene de livrer des photographies d’une rare sensibilité sur lesquels Marilyn n’apparaît plus comme une simple pin-up écervelée, mais comme une femme vive et sensible, loin de l’image que le public pouvait s’en faire. 

Il contribuera également à la mener vers d’autres rôles que ceux de comédies légères et dans lesquels elle va se révéler un grande actrice dramatique, comme pour The misfits ou Something got to give, son ultime film, inachevé.

« Elle n’était pas une victime. Je déteste lorsque les gens la décrivent comme une victime. C’était une jeune femme qui était comme une éponge et voulait que la vie lui montre ce qu’elle avait à faire. Elle était prête à tout. C’est pourquoi elle avait un si grand sens de l’humour. Et elle vivait chaque jour dans le présent ».  

Milton Greene.

Enfin, le troisième et dernier photographe à l’honneur – et non des moindres – : Bert Stern, auteur de la célèbre Dernière séance, réalisée en juin 1962 dans la chambre 261 de l’hôtel Bel Air de Los Angeles.

Commandée par le magazine Vogue alors qu’elle est en train de tourner son dernier film, cette fabuleuse série de plus de 2.500 photographies montrent une Marilyn plus belle que jamais, sans maquillage et s’amusant avec celui qui resta sa vie entière son meilleur ami et confident : l’objectif. Si les images les plus connues de cette séance sont bien entendu celles où la star pose nue, avec pour seuls accessoires un collier, un verre de champagne, un foulard, elle compte également de magnifiques photos où elle revêt par exemple une longue robe de velours noir au dos dénudé, un nœud dans les cheveux, posant tantôt pensive, tantôt espiègle, tantôt fatale. 

« Photographier Marilyn Monroe, c’est comme photographier la lumière ».

Bert Stern.

Si Marilyn fera sur les planches-contacts une sélection des prises de vue qu’elle souhaitait retenir et celles dont elle ne voulait pas, contrôlant toujours son image, elle ne verra jamais ces photographies exposées ou utilisées. Elle sera retrouvée morte à son domicile de Los Angeles un mois plus tard, et le magazine Vogue publiera à titre posthume huit de ces clichés dans son numéro de septembre 1962. Il faudra ensuite attendre plus de vingt ans pour que la Dernière séance soit exhumée, et finalement exposée. 

Divine Marilyn présente également des clichés du photographe André de Dienes, avec qui elle fera un voyage de cinq semaines dans l’ouest américain pour réaliser des photos de couverture de magazine, et consacre également une de ses salles à la tournée qu’elle fit en Corée pour soutenir les troupes américaines. Durant quatre jours, du 16 au 19 février 1954, elle va donner pas moins 23 concerts dans une douzaine de bases. 

« Elle était à l’avant de l’avion, avec les colonels et les commandants, puis elle s’excusa, revint de notre côté, et s’assit près de chacun des soldats. Elle leur demanda d’où ils venaient, où ils étaient allés à l’école, ce qu’ils voulaient faire dans la vie, où ils vivaient… Elle voulait tout savoir sur eux. Elle préférait être avec les “boys” qu’avec les huiles ».  

Don Obermeyer, chef d’orchestre lors des concerts de Marilyn Monroe en Corée.

Enfin, l’exposition revient également sur son enfance et son adolescence, sur ses débuts en tant que pin-up à l’agence Blue Book, la signature de son premier contrat avec la 20th Century Fox en août 1946 – un engagement qui transforma Norma Jeane Dougherty en Marilyn Monroe -, sa première couverture pour le magazine Douglas Airview – elle fera plus d’une trentaine de couvertures de magazines en une seule année -, le fameux calendrier de 1949 sur lequel elle pose nue, mais aussi ses mariages avec James Dougherty, Joe DiMaggio et Arthur Miller, pour lequel elle se convertit au judaïsme, une religion à laquelle elle restera très attachée jusqu’à la fin de sa vie.

Un petit corner rappelle l’hommage que le maître du Pop Art Andy Warhol lui rendit à travers une série de sérigraphies, et d’émouvantes photographies de son dernier film inachevé, Something got to give, ou d’autres à la soirée d’anniversaire du président Kennedy, au cours de laquelle elle interpréta son inoubliable « Happy birthday mister President » peuvent également être admirés.

Des clichés de « vamp » qui vont la rendre populaire aux images plus conventionnelles des studios de cinéma, ce ne sont donc pas moins de deux-cents photos, dont de nombreux grands formats, qui invitent le visiteur à plonger dans la carrière et la vie privée de celle qui est encore aujourd’hui la plus grande des stars d’Hollywood. 

Divine Marilyn, à la Galerie Joseph jusqu’au 22 septembre 2019.

Pour découvrir une sélection de photos de cette exposition, suivez Cultures-J sur Instagram.

Si vous désirez aller plus loin :

Marilyn Monroe, de Anne Plantagenet, aux éditions Folio. 305 pages. 8,40€.
Fragments. Poèmes, écrits intimes, lettres, de Marilyn Monroe, aux éditions Points. 272 pages. 12,00€.
Marilyn inédite, de Milton Greene, aux éditions Flammarion. 360 pages. 42,00€.
Marilyn Monroe, de Bert Stern et Norman Mailer, aux éditions Taschen. 276 pages. 50,00€.
Sam Shaw : A personal point of view, de Lorie Karnath, aux éditions Hatje Cantz. 240 pages. 30,45€ (en anglais).

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