5 questions à… Sylvain Treperman, auteur de « La quête du bleu divin »

Dans le cadre de la sortie de son premier roman La quête du bleu divin, Sophie Masson a pu rencontrer Sylvain Treperman.

la queue du bleu divin sylvain trepermanSophie Masson : C’est votre premier livre. Qu’est-ce qui vous a poussé à l’écrire ?
Sylvain Treperman : Cette histoire m’a toujours accompagné, tel un refrain qui ne m’a jamais lâché, que je fredonnais sans parvenir à me souvenir de ses paroles. Arrivé à la maturité, enfin apaisé et libre de cette fébrilité qui vous projette implacablement vers le futur, j’ai senti l’irrésistible besoin de me retourner pour rechercher l’intégralité de ce chant qui m’avait toujours hanté. J’ai donc arrêté ma course et me suis plongé dans ce qui me paraissait sa source : mes deux dernières années françaises, celles passées à Chartres.

S. M. : Le fait d’être médecin influence-t-il votre écriture ? En quoi ?
S. T. : L’exercice de ce métier m’a offert le rare privilège de rencontrer une multitude de personnes qui,  après m’avoir accordé leur confiance et dévoiler leurs secrets plus intimes, m’ont invité à accompagner leurs peines souvent jusqu’à la mort. J’ai appris ainsi à connaître la vie dans toute sa nudité, sous ses aspects les plus morbides, mais aussi sous ses beautés les plus cachées. À la vue de cette mourante qui serre avec tendresse la main de sa petite fille, de ces parents, de ces inconnus qui se sacrifient pour un malade, de la paix et la dignité avec laquelle un vieillard quitte ce monde, des larmes de bonheur face à la guérison, j’ai pu me persuader que même dans les moments les plus terribles, l’humanité et l’amour parviennent toujours à vaincre. C’est peut-être pour ce motif que même en témoignant des pires malheurs, je ne saurais délivrer, comme dans ce livre, qu’un message d’espoir.

S.  M. : Le livre parle de trois époques bien différentes. En ce qui concerne le travail d’écriture avez-vous une préférence pour l’une des époques ?
S. T. : Une époque domine toutes les autres, tout comme sa cathédrale, Chartres : le Moyen Âge. Au début de mon travail, seule la période des années 70 m’intéressait ; je me suis bien vite aperçu que toute la dynamique de ces événements avait une origine encore plus ancienne. C’est ainsi que j’ai dû me tourner vers cette époque médiévale, de laquelle en vérité, nous ne sommes jamais sortis, surtout en considération de la haine aveugle et du fanatisme qui depuis n’ont jamais cessé de sévir.

S.M. : En lisant votre brève biographie au dos de votre livre, il semble aussi que la fiction dans le livre rejoigne non seulement la réalité historique, mais aussi votre réalité. Pouvez-vous nous parler du côté autobiographique du livre ?
S. T. : Tout comme les héros du roman, je suis arrivé un jour à Chartres, seul, en étranger, et je me suis retrouvé confronté à ce christianisme flamboyant qui y avait toujours triomphé. Tout comme eux, j’ai ressenti cette fascination face à la puissance de son expression et à la beauté de ses lumières. J’ai souffert moi aussi de ne pas pouvoir y appartenir, pire encore, d’en être rejeté. Cette confrontation souvent violente m’a poussé, entre autres, à quitter la ville au bout de deux ans, et la France définitivement. Ce récit, qui relate une longue quête et son aboutissement, reflète sans aucun doute le désir profond de conclure idéalement un chemin que j’avais alors moi-même entrepris.

S.M. : On parle beaucoup actuellement d’une nouvelle montée de l’antisémitisme. Or dans votre livre le héros, déjà dans les années 70, n’en peut plus de l’antisémitisme qu’il rencontre. Pour vous ce n’est donc pas nouveau ?
S. T. : L’extrême droite ne se permettait certes pas à l’époque, comme elle le fait aujourd’hui, de crier à visage découvert son antisémitisme à travers les rues, peut-être, parce qu’alors, le souvenir de ses crimes durant l’Occupation ne s’était pas encore estompé. Elle se contentait, durant ces années, à cultiver en sourdine sa tradition millénaire de haine, attendant le moment propice de pouvoir la clamer de nouveau. Son souffle nauséabond se faisait néanmoins bien sentir. Le plus angoissant aujourd’hui est cependant le resurgir des périodes les plus sombres du Moyen Âge où, aux cris de « Assassins d’enfants ! », les Juifs étaient jetés au bûcher. Ces mêmes cris résonnent maintenant sur les boulevards et le feu a été remplacé par le tir des kalachnikovs.

Propos recueillis par Sophie MASSON en juin 2015.

La quête du bleu divin, de Sylvain Treperman, aux éditions La Grande Ourse. 368 pages. 20,99€.

2 commentaires sur 5 questions à… Sylvain Treperman, auteur de « La quête du bleu divin »

  1. Je viens de decouvrir ce roman: La quete du Bleu Divin et je suis deja passionnee de le lire. C’est ma couleur et en tant qu’artiste passionnee par le bleu et ma recherche spirituelle je crois que l’inspiration d’une oeuvre m’est suggeree presentement.

    Blue Flame

    • Merci pour votre commentaire, et content que ce roman vous ait plu. A très vite pour de nouvelles sorties littéraires. Alon, webmaster.

Cet article vous intéresse ? Laissez un commentaire.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.