7/7. La synagogue de Jérusalem, synagogue du Jubilé de l’empereur François-Joseph

Cette septième et dernière partie de notre carnet de voyage sur la « Prague juive » s’achève donc avec la magnifique synagogue de Jérusalem. Construite dans le quartier de Nove Mesto, en-dehors des limites du ghetto de Josefov et à deux pas de la gare centrale, elle est la plus récente mais aussi la plus grande synagogue de Prague, pouvant accueillir jusqu’à 850 fidèles.

Édifiée pour compenser les nombreuses synagogues détruites dans le cadre d’urbanisation de la ville – les synagogues Grande Cour, Nouvelle ou encore Zigeuner, détruite en 1906 comme en témoigne la plaque commémorative située dans son vestibule -, la synagogue de Jérusalem tire son nom de la rue dans laquelle elle est construite, mais est également appelée « synagogue du Jubilaire », en référence aux circonstances de sa construction, qui intervient dans le cadre des festivités du jubilé d’or de l’empereur François-Joseph Ier.

Un appel à projet est lancé dès la fin du 19ème siècle, auquel de nombreux architectes répondront. Ce sera finalement celui du viennois Wilhelm Stiassneh qui sera retenu en 1903, connu pour son grand intérêt pour le style hispano-mauresque et déjà à l’origine de nombreuses synagogues en Europe et à-travers l’empire des Habsbourg : Malacky, en Hongrie, Wiener Neustadt en Autriche, ou encore celles de Gabontz, en République Tchèque, et la synagogue polonaise de Vienne, malheureusement toutes deux détruites pendant la Nuit de Cristal en 1938. Il sera également le fondateur et Président de l’Association pour la Préservation et la Conservation des Monuments Artistiques et Historiques Juifs en 1895, et également du Musée Juif de Vienne deux ans plus tard.

Sous la direction d’Alois Richter, dont le projet de style néo-roman a quant à lui été refusé, la première pierre est posée le 26 juin 1905, et les travaux s’étalent sur un peu plus d’un an. L’édifice sera officiellement achevé le 1er septembre 1906, et consacré le 16 septembre, jour de la fête de Sim’hat Torah.

Éclectique et haute en couleurs, empreinte à la fois d’influences hispano-mauresque et Art Nouveau – sa restauration dans les années 90 a permis de mettre au jour de riches décors peints dans le style Sécession viennoise -, son aménagement intérieur signé de l’artiste tchèque Frantisek Frohlich offre aux visiteurs un feu d’artifices de formes et de couleurs rare et éblouissant. Des visiteurs nombreux qui sont d’ailleurs accueillis par ces phrases, gravées en hébreu tout autour de l’arc central ceinturant l’entrée principale :

« Ceci est la porte du Seigneur, les Justes la franchiront. N’avons-nous tous pas le même père ? N’avons-nous pas tous été créés par un même D.ieu ? »

Miraculeusement épargnée lors de la Seconde guerre mondiale, période durant laquelle elle servira d’entrepôt pour stocker des objets spoliés aux juifs – ce qui finalement la sauvera – , la synagogue de Jérusalem a de nouveau été dédiée au culte à l’issue du conflit, en faisant un lieu où le culte israélite ne fut jamais interrompu en plus d’un siècle.

Si vous désirez aller plus loin :

Le Messianisme juif dans la pensée du Maharal de Prague, de Benjamin Gross, aux éditions Albin Michel. 388 pages. 18,60€.
Prague fatale, de Philip Kerr, aux éditions du Masque. 407 pages. 22,00€.
Le kabbaliste de Prague, de Marek Halter, aux éditions J’ai lu. 288 pages. 7,70€.
Le cimetière de Prague, d’Umberto Eco, aux éditions Livre de Poche. 576 pages. 8,40€.
Franz Kafka à Prague, de Gérard-Georges Lemaire et Hélène Moulonguet, aux éditions du Chêne. 170 pages. 20,00€.
La famille Kafka de Prague, d’Alena Wagnerova, aux éditions Grasset. 22à pages. 15,30€.
Le Golem, de Gustav Meyrink, aux éditions Flammarion. 321 pages. 10,50€.
Le Golem : légendes du ghetto de Prague, de Chajim Bloch, aux éditions Samuel Tastet. 208 pages. 15,00€.

Et pour la jeunesse :

L’ombre du Golem, de Benjamin Lacombe et Eliette Abécassis, aux éditions Flammarion. 180 pages. 25,00€.
Le kabbaliste de Prague (tome 1), de Makyo, Luca Raimondo et Marek Halter, aux éditions Glénat. 56 pages. 14,50€.
Le kabbaliste de Prague (tome 2), de Makyo, Luca Raimondo et Marek Halter, aux éditions Glénat. 56 pages. 14,50€.

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