« David Ben Gourion, deux maisons pour un homme » : Tel Aviv

Bâtie sur le boulevard qui porte son nom depuis sa mort en 1973, la visite de la maison de David Ben Gourion, premier Premier ministre d’Israël, constitue une visite inévitable pour celui qui souhaite marcher sur les pas de ce pionnier-fondateur venu immigré en Eretz Israël en 1906.

Construite en 1930-1931 par David Touvia et achetée par David et Paula Ben Gourion pour 350 Livres Palestiniennes, cette austère et modeste bâtisse se dresse sur deux niveaux. Résidence principale du couple Ben Gourion jusqu’en 1953, époque à laquelle ils s’installent dans le kibboutz de Sdé Boker, dans le Néguev, chacune de ses pièces témoigne des événements heureux ou tragiques qui ont marqué l’histoire de l’Etat hébreu. Tous les objets présentés ont appartenu au couple, et ont été conservés avec précaution.

Sitôt passé la porte d’entrée, c’est la Déclaration d’Indépendance d’Israël qui accueille le visiteur. Tout comme celle exposée dans le hall Chagall de la Knesset, celle-ci est un fac-similé, l’original étant enfermée dans un coffre, à l’abri des regards. Il n’en demeure pas moins que c’est entre ces murs, le 13 mai 1948, que David Ben Gourion, Aharon Zisling, Yehuda Leib Maimon et Moshe Sharett rédigèrent la version finale de ce document historique, qui allait donner naissance à un rêve vieux de 2.000 ans.

Non loin de là, de grands panneaux présentent des dizaines de photographies de David ben Gourion en compagnie personnalités ou de chefs d’Etat et de Gouvernements tels que John F. Kennedy, Franklin D. Roosevelt, Albert Einstein, lord Mountbatten, Winston Churchill, Guy Mollet, Charles de Gaulle, Baudouin de Belgique…

Une partie du rez-de-chaussée abrite un triple séjour composé d’une salle à manger, d’un salon et d’un coin cheminée. Tout autour, le mobilier est intact, comme si les propriétaires venaient juste de s’absenter, et des vitrines présentent quantités d’objets privés ayant appartenu au couple – rouleau d’Esther, yad pour lire la Torah, menorah et hanoukkia… -, et également de nombreux présents reçus lors de ses voyages officiels, comme par exemple une défense d’éléphant offerte par le président du Liberia en 1962, un vase en cristal, cadeau de Nelson Rockefeller en 1967, un plat en argent de la part de la communauté juive du Mexique, d’innombrables médailles…

Sur les murs, encadrées, des citations célèbres de Ben Gourion : « Le destin d’Israël dépend de deux facteurs : sa force et son intégrité », « L’attachement de l’Etat d’Israël au Peuple Juif n’en est pas un de nécessité et de profit, mais de mission et de destin », « Si l’on me demandait de résumer toute l’histoire juive en quelques mots, je dirais «la qualité face à la quantité » »…

Au fond du couloir, la chambre à coucher de Renana, la fille du couple, est en apparence assez classique, mais présente une singularité troublante : sa fenêtre est aveugle. Et pour cause ! En 1956, durant la crise du Canal de Suez, aussi connue sous le nom de Campagne du Sinaï, David Ben Gourion est malade et alité. C’est de cette chambre, transformée en centre de commandement et murée pour des raisons de sécurité, qu’il recevait les nouvelles du front de son chef d’état-major Moshé Dayan, et mena les opérations opposant Israël à son voisin arabe. Elle sera de nouveau utilisée à ces mêmes fins lors de la Guerre des Six Jours, en 1967. Consacrée à ces deux conflits, de nombreux documents reviennent sur ces événement marquants.

La visite du rez-de-chaussée s’achève par la cuisine où Ben Gourion avait l’habitude de prendre ses repas – la table est dressée pour le petit-déjeuner et un exemplaire du journal Davar est prêt à être lu -, et par la chambre de Paula, à l’arrière de la maison, où il vécut ses derniers jours avant d’être transféré au centre médical Shéba.

Entièrement réservées à David Ben Gourion, les quatre pièces du premier étage sont consacrées à la bibliothèque où sont conservés pas moins de… 20.000 volumes ! Littérature hébraïque, halakha, histoire du judaïsme, sionisme, périodiques en hébreu, anglais, français, allemand, russe, mais aussi livres de voyages, histoire des religions et des peuples de l’Antiquité en grec ou en latin, histoire militaire, kabbale… Un lieu qui ne manquera pas d’impressionner le plus grand des lecteurs.

Dans cet endroit, David Ben Gourion recevait des amis et des invités, tenait des réunions importantes autour de la table ronde de la seconde pièce, et gérait les affaires du pays depuis son bureau, dont la ligne téléphonique le reliait directement au Ministère de la Défense, à Tel Aviv.

Enfin, dans la cour arrière de la maison, où sont également exposées les très belles affiches marquant le 40ème anniversaire de la Maison Ben Gourion, se trouve le bunker construit en 1942 lors de la Seconde guerre mondiale, et qui était utilisé par les familles Ben Gourion et Hillel Cohen, ainsi qu’une ultime salle, aujourd’hui utilisée comme lieu de conférence et de projection.

Révélatrice d’un homme d’Etat comme il y en a eu peu de part le monde, sobre, de bon goût, une bibliothèque d’humaniste, la maison de David Ben Gourion respire encore l’ambiance dans laquelle il a vécu et où il a travaillé.

A sa mort en 1973, il la lègue avec tout son contenu à l’État d’Israël, en spécifiant une utilisation éducative et pour des projets de recherches. Elle a été ouverte au public en novembre 1974.

Si vous désirez aller plus loin :

– Journal 1947-1948 : Les secrets de la création de l’Etat d’Israël, aux éditions de la Martinière. 620 pages. 23,00€.
Une histoire moderne d’Israël, d’Eli Barnavi, aux éditions Flammarion. 347 pages. 8,20€.
Géopolitique d’Israël, de Frédéric Encel et François Thual, aux éditions Points. 490 pages. 10,10€.
Géopolitique de Jérusalem, de Frédéric Encel, aux éditions Flammarion. 300 pages. 8,20€.
Ô Jérusalem, de Dominique Lapierre, aux éditions Pocket. 924 pages. 10,50€.

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