« De sable et de feu » : épopée orientale pour deux destins incroyables

Le 18 septembre prochain, c’est non seulement à un voyage en Orient auquel nous invite le réalisateur Souheil Ben-Barka dans De sable et de feu, son dernier long-métrage, mais également à une plongée historique dans deux destins incroyables et pourtant bien réels : ceux de l’espagnol Domingo Badia et de la britannique Lady Esther Stanhope.

Madrid, 1802. Afin d’étendre son influence en Méditerranée, le Premier ministre espagnol envisage d’envahir le Maroc voisin. Il soupçonne en effet son sultan, Moulay Slimane, d’accepter plus volontiers de vendre son blé aux britanniques qu’aux espagnols, en contrepartie de quoi l’Angleterre lui fournirait des armes, qu’il pourrait bientôt retourner contre la péninsule ibérique en vue de reconquérir l’Andalousie. Afin d’anticiper cette éventualité, l’Espagne échafaude donc un plan : envoyer un homme à la cour du sultan afin qu’il s’immisce dans les bonnes grâces du souverain, et parallèlement inciter certaines tribus du pays à se soulever afin de le destituer.

Cet homme, ce sera Domingo Badia, Extrêmement érudit, l’officier espagnol prends au préalable la route de l’Angleterre, en quête d’instruments astrologiques susceptibles d’impressionner son prestigieux hôte. Un bref séjour au cours duquel il fera la connaissance de Lady Esther Stanhope, nièce du Premier ministre britannique William Pitt. 

Arrivé à Fès et introduit à la cour du sultan sous l’identité du prince Ali Bey al-Abbassi, descendant du Prophète Mahomet, Ali Bey va rapidement séduire le souverain avec ses présents et sa grande connaissance sur de nombreux sujets. Persuadé que la présence dans son pays d’un homme d’une si grande érudition ne peut être que positif, le sultan ne va pas tarder à le considérer comme son propre fils. Mais tandis que le loup entre dans la bergerie par la grande porte, les faveurs dont il jouit aussi subitement vont bientôt créer jalousie, colère et suspicion à la cour. De plus, ses positions tranchées concernant les femmes, l’esclavage ou encore la liberté de culte pour les juifs et les chrétiens sont loin de faire l’unanimité. Les premiers complots vont se mettre en place, et petit à petit, l’étau ne va pas tarder à se resserrer autour de Domingo Badia. 

En danger de mort, il va être contraint de reprendre la route de l’Europe, mettant à profit sa cavale pour découvrir l’Orient. Des pérégrinations qui le mèneront jusqu’en Syrie, où il retrouve Lady Esther Stanhope qui, sous le nom de Méléki, désormais véritable prophétesse, a été couronnée reine de Palmyre – du nom de la cité antique – par des tribus bédouines locales.

Film d’aventures extrêmement esthétique avec ses fantasias et ses superbes décors naturels d’un Orient presque fantasmé, De sable et de feu convie le spectateur à un magnifique voyage de Madrid à Londres, de Paris à Fès, au cours duquel on croise également des personnalités telles que Napoléon, Talleyrand, le colonel Bouttin… 

Si son action principle prends place au début du 19ème siècle, ce film traite également de sujets malheureusement très actuels, comme le fanatisme religieux, l’intolérance, les guerres, la barbarie.

« J’ai toujours choisi librement mes sujets et les protagonistes de mes films. Cette fois-ci, j’ai le sentiment d’avoir été choisi par son héros. Qui pourrait résister au charme de ce grand bluffeur d’Ali Bey ? Des gens les plus humbles aux princes les plus puissants, il les met tous dans sa poche. Napoléon, tombant à son tour sous son charme, interroge Talleyrand : ‘Est-ce un génie ou un illuminé ?‘ Ce à quoi Talleyrand répond, impertinent : ‘Une subtile combinaison des deux, Sire. De celle qui donne les grands hommes.' »

Souheil Ben Barka, réalisateur.

Après avoir dirigé Claudia Cardinale, Harvey Keitel ou Marie-Christine Barrault, signé un dizaine de documentaires et plus de deux-cents films publicitaires, Souheil Ben Barka livre donc aujourd’hui son huitième long-métrage.

Une belle réussite, qui devrait contenter tous les amoureux de romances épiques et d’histoires vraies. De sable et de feu devrait sortir dans une quarantaine de pays, et en cinq langues.

De sable et de feu, en salle le 18 septembre 2019.

A lire également :
5 questions à… Souheil ben Barka, réalisateur du film « De sable et de feu »

Si vous désirez aller plus loin :

Lady Esther Stanhope, de Philarète Chasles. 48 pages. 8,96€.
Voyages d’Ali-Bey el Abbassi (Domingo Badia y Leyblich) en Afrique et en Asie, de Ali Bey, aux éditions Hachette. 424 pages. 22,40€.

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