« Douleur », le nouveau roman de Zeruya Shalev, Prix Femina étranger 2014

Avec Douleur, Zeruya Shalev écrit un magnifique roman non seulement sur la souffrance – ou plutôt sur « les souffrances » -, mais aussi sur les chemins qu’elles ouvrent.

Iris vit à Jérusalem. Directrice d’école estimée, elle est mariée et mère d’Alma et d’Omer, presque adultes. Mais le roman nous la décrit en période de rupture.

Lorsque son mari lui fait remarquer que cela fait exactement dix ans qu’Iris a été blessée par un attentat, à son corps défendant les images de l’attentat lui reviennent comme si c’était hier, et la douleur redevient très présente. Iris a beau prendre médicaments sur médicaments, la douleur ravivée s’incruste sans lui laisser de répit.

Par la même occasion, la reconstitution de cette matinée où un bus a explosé alors qu’elle le doublait, et les questions associées, réapparaissent avec une compréhension nouvelle, permis par le recul du temps. Des douleurs psychiques plus anciennes refont surface.

Dans sa jeunesse, Iris avait énormément souffert d’une rupture incompréhensible : son amour de l’époque, Ethan, l’avait chassé de sa vie du jour au lendemain à la fin des shéva de sa mère, et alors qu’elle ne s’y attendait pas le moins du monde. Rien ne présageait une telle issue. Elle s’était beaucoup investie pour le soutenir pendant la maladie de sa mère. Ainsi, alors que ces souvenirs reviennent, le chef du service antidouleur se trouve être cet homme qu’elle n’a finalement jamais cesser d’aimer.

Iris va devoir faire des choix. Elle devra prendre en compte ses sentiments mais pas seulement, car voici qu’elle comprend à travers ce qu’elle entend, ce qu’elle ressent, que sa fille Alma a besoin d’aide. Alors que cette dernière vit à Tel Aviv et travaille dans un café, il semblerait que son patron se comporte en  gourou. Iris veut se battre pour soustraire sa fille à cette emprise, ce qui va l’amener à adapter ses ressources de mère à la situation, mais aussi à faire des choix.

Finalement, Douleur arrive à transporter le lecteur d’un univers à l’autre, d’une douleur à l’autre, sans tomber dans le pathos et en laissant toujours une fenêtre ouverte vers un bonheur possible, qui varie en fonction des événements.

Sophie MASSON pour Cultures-J.com.

Douleur, de Zeruya Shalev, aux éditions Gallimard. 416 pages. 21,00€.

Si vous désirez aller plus loin :

Ce qui reste de nos vies, de Zeruya Shalev, aux éditions Folio. 544 pages. 8,20€.

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