Émile Javal : ophtalmologue, collectionneur et philanthrope

Emile Javal sort de l’Ecole des Mines avec un diplôme d’ingénieur civil et se fait recevoir docteur en médecine. Il est nommé en 1877 directeur du laboratoire d’ophtalmologie de la Sorbonne et membre de l’Académie de Médecine.

Pour continuer ses recherches, il invente des instruments d’optométrie : l’ophtalmomètre et l’iconoscope. Il publie également plusieurs mémoires et des articles dans différents recueils et journaux spécialisés, dont Du strabisme dans ses applications à la physiologie de la vision, Hygiène des écoles primaires et des écoles maternelles, Mémoires d’ophtalmométrie, Manuel du strabisme, et traduit de l’allemand L’optique physiologique d’Helmholtz.

Durant le conflit franco-prussien, Emile Javal remplit dans l’armée de Paris les fonctions de chirurgien-major.

Son épouse, Marie Ellissen, était la belle-sœur du Général Léopold Sée. Profondément républicain, il fut élu Conseiller Général de l’Yonne pour le Canton de Villeneuve-l’Archevêque de 1871 à 1889, et de 1895 à 1901.

Lors de sa première séance du Conseil Générale de l’Yonne, après la Guerre de 1870, le Préfet informe les membres de cette assemblée que le Gouvernement Provisoire a décidé que le département de l’Yonne n’a rien à porter en recette ni en dépenses pour les mobilisés. Le docteur Emile Javal participe à cette séance. A une élection partielle de 1885 et, quelque mois après, aux élections générales, le département de l’Yonne l’envoie à la Chambre des Députés, où il prononce plusieurs discours très remarqués sur la question de la dépopulation de France, contre l’entreprise de Panama, en faveur de l’assurance ouvrière et autres…

La Loi Javal exonère de la plupart des impôts directs les familles de sept enfants, et en tant que membre de la Ligue de l’Enseignement, il signe un appel demandant à Camille Flammarion et Henri Martin la diffusion de l’enseignement à tous les degrés.

Emile Javal est également l’un des promoteurs de la candidature de Carnot à la Présidence de la République, mais ne se représente pas en 1889.

Dreyfusard de la première heure, il ne connaît pas personnellement le capitaine Alfred Dreyfus mais il est l’ami intime d’Emile Zola.

Il se rend à Rennes en 1899 afin de mettre son expérience des écritures au service de la Justice. Malgré son début de cécité, il continue à scruter le fac-similé des pièces du procès, le bordereau d’Esterhazy, le faux du Colonel Henry, et d’en démasquer les subterfuges.

Philanthrope, il n’avait qu’un seul désir : être utile à l’humanité, qu’il aimait plus que la science encore. Il était connu dans le moindre hameau de Bourgogne par ses consultations gratuites, pendant plus de trente ans à Sens et à Laroche. Pour faciliter l’éducation des peuples et l’établissement d’une paix internationale, il recommande l’adoption d’une langue universelle : l’Espéranto. Il suit même les congrès espérantistes, les aidant financièrement. Sa bourse est toujours au service de ses idées et le Docteur Ludwig Zamenhof, Juif, ophtalmologiste comme lui et père de l’Espéranto, profite de ses largesses.

En matière de responsabilité devant le Judaïsme, il semble qu’Emile Javal veuille suivre les traces de son père. Emile Javal, avec le nouveau re-découpement des Consistoires de l’Est, sera élu membre du Consistoire de Vesoul. En 1874, il siège parmi les quarante-cinq membres du Comité des Ecoles Israélites.

Emile Javal meurt d’un cancer aux intestins, et après une longue agonie dans la fantasmagorie des derniers instants, il juge sa vie : « Je n’ai été qu’un troubadour. Un troubadour qui veut, au-delà du tombeau, continuer son œuvre, et qui ne désespérait pas de contribuer à la découverte pour les autres d’une guérison qu’il a cherché pour lui-même. Il fait donation à la science de ses deux yeux remplis de glaucome pour autopsie.

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