« Hitler, la véritable histoire vraie » : l’histoire d’un monstre en bulles…

À nouveau, un ouvrage revient sur la vie et le destin d’Adolf Hitler. « Encore ! » diront certains… Certes, les ouvrages traitant du plus grand criminel que la terre ait connu sont légion, et toujours en bonne place dans les rayons des bibliothèques et librairies.

Seulement, Hitler, la véritable histoire vraie, du nom de la collection des éditions Dupuis qui traite avec humour et dérision des « méchants de l’Histoire », de Dracula à Robespierre, en passant par Caligula et Torquemada, est différente.

Dans cette bande dessinée, les hommes cèdent la place aux animaux. Nous sommes d’accord, il ne s’agit pas là d’une nouveauté, puisqu’en 1944 déjà, Calvo, qui publiait déjà La bête est morte, une satire du second conflit mondial, ou plus récemment l’excellent Maus d’Art Spiegelman, Prix Pulitzer en 1992, avaient déjà proposé cette transposition historique dans le monde animal. Mais si dans ces deux ouvrages, chaque nationalité ou chaque groupe était représenté par une espèce animale spécifique, dans Hitler, la véritable histoire vraie, tous les animaux, quelles qu’ils soient, sont partout, le sombre protagoniste prenant quant à lui les traits d’un rat, ce qui lui convient plutôt bien.

Sur un scénario de Bernard Swyzen et des dessins de Ptiluc, cette bande dessinée revient, comme on peut facilement l’imaginer, sur les « origines du mal », depuis l’enfance du dictateur jusqu’à 1945.

Elle brosse les choix et les échecs d’une jeunesse et d’une adolescence qui vont conduire à une haine sans borne, et plonger l’Allemagne et l’Europe toute entière dans l’une des pages les plus sombres de son histoire.

Enfant, Adolf Hitler joue souvent à la guerre, comme il est de coutume chez de nombreux garçons, constituant déjà des « armées » et faisant combattre les anglais contre les Boers, ou les prussiens contre les français par exemple. Adolescent, il se rend à Vienne dans l’espoir d’intégrer l’école des Beaux Arts, mais échouera aux examens d’entrée. C’est également à cette période que sa mère, Klara, tombe malade. Le médecin Juif qui s’occupe d’elle ne pourra malheureusement pas la sauver, et après avoir perdu son père en 1903, Klara s’éteint en décembre 1907.

Désormais orphelin, âgé de 19 ans, il décide de retourner à Vienne deux mois plus tard.

Marginal et indépendant, sans travail ni revenus, il erre entre les halls de gare, les bancs publics du Prater et les asiles où passer la nuit, dont l’Asyl fur Obdachlose, financé par la famille Epstein.

Lorsqu’en 1914 éclate la Première guerre mondiale, Hitler, caporal, est envoyé au front, mais un éclat d’obus dans la cuisse le contraint à retourner à Munich, furieux de ne pouvoir participer aux combats. Ce premier conflit mondial se soldera quatre ans plus tard par une écrasante défaite de l’Allemagne, contrainte de signer un Armistice, et le traité de Versailles. Privée de ses droits militaires, amputée d’une large partie de son territoire, l’Allemagne est condamnée à verser plusieurs milliards de marks en guise de réparation pour les dégâts causés en Europe. Une défaite et une humiliation qu’Hitler attribue aux « civils planqués, aux gauchistes, aux républicains et aux Juifs », qui deviennent dès lors l’origine de tous les maux et les ennemis à abattre.

Inspiré quelques années plus tôt par les discours enflammés de Karl Lueger, le maire antisémite de la capitale autrichienne, il se lance alors dans la politique et dispense ses premières diatribes à la brasserie Hofbrauhaus de Munich. Ses discours, aux thèmes simples mais efficaces, vont enthousiasmer les foules, et lui permettre de créer ses premières alliances avec des hommes d’influence comme Dietrich Eckart, activiste politique et membre du DAP, Alfred Rosenberg, architecte et futur ministre du Reich aux Territoires occupés de l’Est, ou encore Hermann Göring, Ernst Röhm, Rudolf Hess, Heinrich Himmler ou Julius Streicher, qui participeront avec lui à la tentative de prise de pouvoir en Bavière en novembre 1923, connue sous le nom de Putsch de la brasserie.

Condamné à cinq années de prison pour haute trahison, Hitler met à profit son incarcération pour rédiger ce qui deviendra le livre-fondateur de l’idéologie nazie : Mein kampf.

Libéré en décembre 1924 après seulement un an d’emprisonnement, plus populaire que jamais, Hitler continue son ascension, hisse le parti NSDAP au second rang du Reichstag lors des élections de 1930, et contraint finalement le maréchal Hidenburg à le nommer chancelier du Reich en janvier 1933.

De l’ouverture du premier camp de concentration de Dachau jusqu’au bombardement de Berlin, en passant par les Jeux Olympiques de 1936 au cours desquels il fera retirer toutes les affiches antisémites de la ville, la Nuit de Cristal, l’invasion de la France, la conférence de Wannsee qui allait déboucher sur la Solution Finale ou encore la Rafle du Vel d’Hiv, Hitler, la véritable histoire vraie fait également référence à l’entourage plus ou moins proche du dictateur. On y croise entre autre la réalisatrice Leni Riefenstahl, dont le rôle majeur dans la propagande nazie sera considérable, George Elser et Raoul von Stauffenberg, qui vont tenter d’assassiner Hitler au cours de deux attentats malheureusement manqués, ou encore Kurt Gerstein, qui contactera secrètement la Suède, les Pays-Bas ou les britanniques afin d’alerter sur la Solution Finale, mais ne sera pas écouté.

Le 29 avril 1945, Adolf Hitler épouse Eva Braun dans le bunker dans lequel il sont réfugiés, à Berlin, et deux jours plus tard, Magda Goebbels empoisonne ses six enfants avant de se suicider avec son époux, Joseph Goebbels, ministre de la Propagande.

En l’espace de cinq années, la Seconde guerre mondiale fera quelques cinquante millions de morts, dont six millions de Juifs, représentant environ 40% des Juifs du monde.

« Et c’est ainsi que, à l’heure des fake news, lorsque n’importe quel abruti muni d’un smartphone se mue en théoricien de la conspiration, cette BD est un grand coup de massue sur la tête des négationnistes de tout poil. En bonne logique, elle devrait figurer comme lecture obligatoire dans tous les programmes scolaires. »

Elie Barnavi.

Malgré un sujet grave, Bernard Swyzen et Ptiluc sont parvenus à livrer une oeuvre absolument parfaite, paradoxalement presque « divertissante ». L’Histoire est respectée, cette plongée dans les premières années d’Hitler permet de comprendre – sans toutefois justifier – l’homme qu’il allait devenir, les principaux événements politiques ou liés à la Shoah sont évoqués, et la lecture peut sans aucun doute se faire d’un seul trait tant on est absorbé. Une belle réussite.

Au même titre que La bête est morte ou Maus, Hitler, la véritable histoire vraie est à n’en pas douter un ouvrage qui fera date !

Hitler, la véritable histoire vraie, de Swysen Bernard et Ptiluc, aux éditions Dupuis. 120 pages. 20,95€.

Si vous désirez aller plus loin :

La bête est morte !, de Calvo, aux éditions Gallimard jeunesse. 78 pages. 26,50€.
Maus, l’intégrale, de Art Spiegelman, aux éditions Flammarion. 295 pages. 30,00€.
Shoah et bande dessinée. L’image au service de la Mémoire, de Didier Pasamonik, aux éditions Denoël. 168 pages. 29,90€.

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