« Holocauste, une nouvelle histoire » : l’analyse de la Shoah par Laurence Rees

Le titre est univoque, même si Laurence Rees, l’auteure, essaie d’élargir le champ d’investigation de cette période à d’autres communautés que juives, qui peut voir son commencement dans l’Armistice de la Grande Guerre, et ce que les Allemands jugeront comme une défaite.

Holocauste, une nouvelle histoire, qui détaille une période allant de 1919 à 1945, est donc focalisé sur les ferments d’un antisémitisme qui va aller crescendo jusqu’à l’apocalypse, et l’éradication presque totale des communautés juives d’Europe, et plus particulièrement de celles d’Europe de l’Est.

Tout commença par cet Armistice, puis par les grèves dans la Rhur, où l’extrême-droite désigna l’ennemi : le judéo-bolchévisme, cette race inférieure qui est un corps étranger pour le « volk » allemand. S’agrègent à cela une République de Weimar faible, désincarnée, sans chef emblématique, l’assassinat de Rathenau, juif et sympathisant bolchévique aux yeux des nazis, la crise financière de 1929, la pauvreté, la résurrection de l’Allemagne, la prise de pouvoir par défaut, la collaboration des milieux d’affaires, la Nuit de Cristal qui désignait un ennemi, un seul : le Juif.

Il y aura aussi les homosexuels, les tziganes, les Sinté… Mais les Juifs restent le cœur de cible, ils sont une race, une « sale race », une vermine, et la racialisation du nazisme par l’aryanisation n’a qu’un ennemi, cette race inférieure et sournoise qui défend ses intérêts et pas ceux du Volk, et qui en plus est bolchévique, donc internationaliste.

Puis vint la conférence d’Evian, où les alliés furent incapables de trouver une solution à la sortie des Juifs de l’Allemagne et de l’Autriche. Cette lâcheté scella leur sort.

La guerre éclate, et au-delà du déferlement des forces allemandes en Europe, le sort et l’élimination de la juiverie reste un objectif majeur. Jusqu’en 1945, Hitler et ses sbires ne molliront pas et réussiront à en tuer plus de six millions.

Laurence Rees ne dresse pas un réquisitoire contre le nazisme, même s’il ne pouvait en être autrement. Par contre, elle n’épargne aucun pays, que ce soit la France, les Pays-Bas et tant d’autres qui ne se sont jamais opposés à la Solution Finale. Bien au contraire, rares furent les palinodies et les désaccords.

La conclusion résume assez bien l’horreur de cette période : « c’est ce dont notre espèce est capable ».

Un ouvrage essentiel pour la compréhension des tréfonds de l’âme humaine.

Holocauste, une nouvelle histoire, de Laurence Rees, aux éditions Livre de Poche. 872 pages. 9,90€.

Si vous désirez aller plus loin :

Histoire de la Shoah, de Georges Bensoussan, aux édition PUF. 128 pages. 9,00€.
Atlas de la Shoah. La mise à mort des Juifs d’Europe. 1939-1945, de Georges Bensoussan, aux éditions Autrement. 96 pages. 19,90€.

Et pour la jeunesse :

La Shoah, des origines aux récits des survivants, de Philip Steele, aux éditions Gallimard jeunesse. 96 pages. 19,95€.
Histoire de la Shoah : de la discrimination à l’extermination, de Clive A. Lawton, aux éditions Gallimard jeunesse. 8 pages. 14,00€.
Auschwitz, de Pascal Croci, aux éditions EP. 64 pages. 16,00€.

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1 commentaire sur « Holocauste, une nouvelle histoire » : l’analyse de la Shoah par Laurence Rees

  1. La photo n’est pas pertinente pour le sujet. Ce sont des enfants finlandais d’un camp soviétique pour enfants en URSS, la ville de Petrozavodsk. Des enfants ont été retirés des territoires finlandais occupés en 1939-1940.

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