
Le 19 mars 1944, la Hongrie est occupée par les nazis. Comme dans de nombreuses villes d’Europe, les Juifs sont regroupés dans des ghettos, et plus de 400.000 personnes sont déportées à Auschwitz.

Israël Kasztner, responsable du Vaada, le Comité d’Aide et de Secours qu’il a fondé en 1943 à Budapest avec Joël Brand, entre alors en contact avec Kurt Becher, puis avec Adolf Eichmann, instigateur de la Solution Finale en charge de la déportation des Juifs de Hongrie, afin d’en sauver autant qu’il le peut.
Après de difficiles tractations, les deux hommes se mettent finalement d’accord. Un train sera affrété, contre 1.000 dollars par personne. « Des marchandises contre du sang ».
De nombreux Juifs ne possédant pas une telle somme, Israël Kasztner décide de vendre aux enchères aux plus fortunés cent cinquante places, l’argent de cette vente devant permettre de payer la liberté de ceux qui n’en ont pas les moyens.
Le 30 juin 1944, le « train de Kasztner », avec à son bord 1.685 Juifs hongrois – dont des membres de la famille de Kasztner -, des rabbins et des orphelins quitte la gare de Budapest en direction de Bergen-Belsen, où il arrive dix jours plus tard. En décembre, après un séjour de six mois, les passagers obtiennent enfin l’autorisation de rejoindre la Suisse, leur destination originelle.
A la fin de la guerre, Israël Kasztner s’installe en Israël, rejoint le parti de centre-gauche Mapaï, et devient en 1952 le porte-parole du Ministère du commerce et de l’industrie.
Avec la publication en 1953 d’un pamphlet violent, l’écrivain et activiste d’extrême droite Malchiel Gruenwald fait ressurgir l’histoire, et plonge la toute jeune société israélienne dans une profonde reconsidération à l’égard d’Israël Kasztner, bientôt considéré comme un collaborateur, un Juif qui a vendu son âme au diable.
Après un procès de deux ans, Gruenwald est finalement acquitté, mais Israël Kasztner reste à jamais entaché.
Le 3 mars 1957, Zeev Eckstein, un activiste d’extrême droite, tire sur Israël Kasztner, qui décède neuf jours plus tard des suites de ses blessures. Depuis, sa fille unique, Suzanne Kasztner, se bat pour faire réhabiliter l’honneur de son père.
Le Mémorial Yad Vashem, qui conserve la plus grande collection d’archives au monde de documents traitant de la Shoah, a rendu publiques les archives d’Israël Kasztner depuis le 20 juillet 2007, cinquante ans après son assassinat.
Israël Kasztner, l’homme qui négocia avec les nazis, de Gaylen Ross. En salles le 4 avril 2012.
Si vous désirez aller plus loin :
L’affaire Kasztner, témoignage d’un survivant. Le Juif qui négocia avec Eichmann, de Ladislaus Löb, aux éditions André Versaille. 302 pages. 22,80€.
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