« Jamais plus » : le combat d’une rose contre la croix gammée

Inspirée d’une histoire vraie, « Jamais plus », splendidement écrite et mise en scène par Geoffrey Lopez et interprétée par Antoine Fichaux, rend hommage à ces jeunes Allemands qui ont résisté et se sont soulevés contre le nazisme au sein d’un mouvement résistant, le « Cercle de la Rose Blanche ».

C’est à une tranche de vie particulière à laquelle nous assistons avec Franck Weissenrabe, personnage fictif imbriqué dans l’histoire de la montée du nazisme, mais qui représente tous ces jeunes insoumis qui se sont sacrifiés pour imposer leurs idéaux de justice et de fraternité.

Dans un carnet qu’il écrit à sa mère, à l’heure de sa condamnation à mort pour haute trahison en 1943, il revisite son histoire, celle ordinaire d’un jeune allemand fanatique, embrigadé, pétri de certitudes sur la grandeur de l’Allemagne et sur la supériorité de la race aryenne.

« Nous sommes les premiers hommes » criera-t-il dans des élans nauséabonds de puissance.

Puis un jour, tout bascule quand, par un patriotisme entretenu par l’État, il commet un acte aux conséquences irréversibles : quand il apprend que son père cache des juifs et les aide à fuir, il se confie à son professeur, qui fait arrêter la famille ainsi que son père. Une véritable remise en cause de ses pensées et de ses actes.

Dès lors, il n’aura de cessé de militer contre le régime en se joignant à un groupe de résistants, pour réveiller les consciences et tenter de faire changer les façons de penser des gens. Pour cela, pas d’actes héroïques ou sensationnels mais il agira plutôt dans l‘ombre, discrètement, en imprimant des textes et en inondant la ville de tracs de résistance. Il rencontrera des militants admirables et courageux tels que Hans et Sophie Scholl, Christoph Probst, Alexander Schmorell… et tant d’autres qui furent, eux aussi, condamnés à mort.

Avant de mourir, Franck Weissenrabe confiera qu’il « n’est pas difficile de mourir, il faut juste se laisser aller. Vivre demande plus d’exigence« .

Jamais plus pointe du doigt les symptômes d’une société manipulée par son régime et ses dangers, comme le cite l’auteur.

Antoine Fichaux est extraordinaire dans son jeu, fait passer toute une gamme de sentiments et d’états d’âme, de l’arrogance du jeune fanatique des jeunesses hitlériennes au sentiment de réveil de sa conscience, de la culpabilité au combat engagé.

À la faveur du jeu dramatique, cette pièce marque un morceau d’humanité et d’espoir pour les « éveilleurs de consciences »… Et on en a bien besoin !

Jamais plus, actuellement au Théâtre des Variétés.

Si vous désirez aller plus loin :

La Rose Blanche, de Inge Scholl, aux éditions de Minuit. 156 pages. 6,90€.
Le cercle de la Rose Blanche, de V. S. Alexander, aux éditions City. 400 pages. 20,90€.

Et pour la jeunesse :

La Rose Blanche. Des étudiants contre Hitler, de Beniamino Delvecchio, Francesco Rizzato et Jean-François Vivier aux éditions Plein Vent. 48 pages. 14,90€.

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