De Toulouse à Fontainebleau : Jean Cruppi, un collatéral d’Adolphe Crémieux

Adolphe Crémieux était lié à la famille du porcelainier Baruch Weil. Sa femme, Amélie Silny, sœur de Rose Silny, était mariée à Nathaniel Berncastel, qui eut deux filles elles-mêmes mariées avec deux fils de Baruch Weil : Moïse avec Amélie, et Adèle avec Nathé, qui n’est autre que le grand-père de Marcel Proust.

Amélie Crémieux porta Gustave et Mathilde, ses deux enfants, sur les fonds baptismaux. Elevés dans la religion catholique, ces deux enfants firent donc des mariages exogamiques. Louise, la fille de Gustave Crémieux, épousa Jean Cruppi, homme politique de la Troisième République né à Toulouse le 22 mai 1855, et mort à Fontainebleau le 16 octobre 1933.

Jean Cruppi fut avocat, magistrat, écrivain, homme politique et Président du Conseil Général de Haute-Garonne. Député de Toulouse, il fut également Sénateur, ministre de l’Instruction publique, ministre du Commerce en 1908, ministre des Affaires Etrangères et Garde des Sceaux en 1911.

Membre de l’Association France-Palestine avec Paul Painlevé et Léon Blum, il adressa une lettre de soutien à Fernand Corcos, vice-Président du Comité Français du Keren Hayessod, à l’occasion de la parution de son livre A travers la Palestine Juive.

« C’est sans doute sous le mandat anglais que va se renouer le lien historique du Peuple juif avec la Palestine, mais vous avez parfaitement compris, mon cher Corcos, que l’œuvre du Foyer National serait incertaine et précaire si elle était infidèle au génie français, à sa langue, aux œuvres d’éducation que notre pays a multipliées en Orient.

Les écoles de l’Alliance Israélite, où l’enseignement est donné surtout en français, rendent d’immenses services. Il faut, en résumé, que la France, et en particulier la France israélite, soit active et présente au Foyer National. »

Jean Cruppi.

Parmi les membres de cette association sioniste figuraient entre autres Doumergue, Poincarré, Godart, Gide…

Louise Crémieux et Jean Cruppi eurent cinq enfants : Amélie, Paul, Jean-Louis, Noëlle et Jeanne. Louise, musicienne, était l’amie de la pianiste Marguerite Long. Elle fut l’un des principaux soutiens de la carrière de Maurice Ravel, qui lui dédia L’heure espagnole en remerciement de ce qu’elle fit afin d’obtenir que l’ouvrage soit représenté à l’Opéra-comique.

Louise Cruppi a aussi entretenu une longue correspondance avec Romain Rolland. Elle mourut en janvier 1925, le journal Comoedia du 28 janvier de cette année publiait cette courte rubrique nécrologique : « C’est une intéressante et sympathique figure qui disparait avec Madame Jean Cruppi (née Louise Crémieux). »

Son activité intellectuelle s’était exercée avec fruit. Elle a prêté un concours efficace et généreux à l’œuvre des bibliothèques populaires pour enfants, a également publié Avant l’heure, un livre sur Bizet avant même que le nom du grand compositeur fut devenu illustre, et enfin signé une pièce, Répudiée, présentée au Théâtre Antoine.

En 1920, elle avait également participé à la fondation du Cercle littéraire international, dont on connait les manifestations en faveur des grands écrivains étrangers.

Amélie Cruppi quant à elle épousa le sculpteur Paul Landowski avec qui elle eut un fils, Marcel, qui devint un brillant compositeur.

Jean Cruppi meurt à Fontainebleau le 16 octobre 1933 à l’âge de soixante dix-huit ans, et est inhumé dans le cimetière de Toulouse.

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