« Judas », l’ultime roman d’Amos Oz…

Nous nous devons de rendre un immense hommage à l’un des plus grands écrivains israéliens de sa génération, Amos Oz, cet amoureux des mots et de la paix disparu en décembre 2018. Un auteur qui a laissé une empreinte indélébile sur la littérature israélienne mais aussi universelle.

Son dernier roman, Judas, un roman dense, intense et complexe, est empreint du souffle épique qui fait la particularité d’Amos Oz.

En 1959, le jeune Schmuel Asch a trouvé un travail original pour financer ses études : en échange d’un logement et d’un petit salaire, il doit tenir compagnie, faire la lecture et prendre soin d’un homme âgé de soixante-dix ans. Cet homme, Gershom Wald, quelque peu fantasque, partagera des discussions enflammées autour de ses positions sur la question arabe et les idéaux sionistes.

Grand érudit au caractère ombrageux, il a vu mourir son fils à la guerre et passe ses journées à écrire, à se souvenir… et à rêver.

Dans la maison vit également la belle-fille de Gershom Wald, Atalia Abravanel, qui troublera le jeune Schmuel, bouleversé par sa beauté et son mystère. Il vivra des épisodes d’exaltations teintés d’amertume et de fièvre tout au long de son séjour, durant lequel il fera l’apprentissage de l’amour sans retour.

A travers ce roman, d’une érudition remarquable et d’une finesse d’analyse sur des thèmes politiques et religieux, sont évoqués les figures de Jésus et de Judas qui constituent le sujet de thèse de Schelem. « Nous sommes tous des assassins de D.ieu  Nous sommes tous Judas », dira Amos Oz.

Schmuel est également impressionné par la personnalité du défunt père d’Atalia, grande figure du mouvement sioniste qui aura des positions tranchées par rapport à l’establishment israélien.

Amos Oz n’a pas son pareil pour nous entraîner dans un univers pétri de contradictions et de soubresauts à l’heure du nationalisme naissant, un de ses thèmes récurrents. Souvent le destin de ses héros s’entremêle avec celui d’Israël.

Judas est un magnifique roman d’amour dans la Jérusalem divisée, un grand livre sur les lignes de fracture entre judaïsme et christianisme, une réflexion admirable sur les figures du traître et assurément un ouvrage essentiel pour comprendre l’histoire d’Israël.

Nous retrouvons la verve littéraire, l’authenticité des personnages et la profondeur des réflexions propres à l’auteur, qui en fait un chef-d’œuvre justement acclamé dans le monde entier.

Judas, d’Amos Oz, aux éditions Folio. 400 pages. 7,90€.

Si vous désirez aller plus loin :

Chers fanatiques : trois réflexions, d’Amos Oz, aux éditions Gallimard. 128 pages. 10,50€.
Une histoire d’amour et de ténèbres, d’Amos Oz, aux éditions Folio. 864 pages. 11,40€.

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