
« Combien de marguerites peut-on cueillir
À la lumière de cette étoile rouge qui illumine tout. »
.

Tels sont les vers par lesquels débute le tango La estrella roja, composé dans les années 50 par José Canale. Et la estrella roja en question, « l’étoile rouge », ne saurait être que l’épouse de José Canale, la très belle Laila Salama, surnommée ainsi parce qu’à l’époque elle se teignait les cheveux en roux.
Mais l’étoile rouge demeure une véritable énigme sur les traces de laquelle se lance le cinéaste Gabriel Lichtmann.
Qui était-elle au juste, cette Laila Salama disparue une première fois lors de l’élection de la reine Esther, à la fête de Pourim 1934 ? On raconte que c’est en voyant le film Mata Hari, avec Greta Garbo, qu’elle rêva de devenir espionne : est-ce vrai ? Est-il vrai également qu’elle quitta sa patrie, l’Argentine, pour suivre une formation accélérée à Londres alors qu’elle n’avait pas encore seize ans ? Et que, plus tard, on la retrouva en Egypte dans l’entourage privé du maréchal Rommel ? De Rommel, certains disent même qu’elle aurait été la maîtresse. Et puis, par la suite, de retour en Argentine à la mort de son père, elle aurait participé, aux côtés de Simon Wiesenthal à la traque de Mengele. Et aussi, dans les années soixante, à celle d’Eichmann.
On sait qu’elle épousa le musicien José Canale à qui elle donna un fils, Emiliano, puis qu’elle aurait mystérieusement disparu, victime de l’attentat terroriste qui abattit l’ancien Secrétaire général de l’ONU.
Gabriel Lichtmann, lui-même, se met en scène au cours de ce documentaire fictionnel — ou de cette fiction documentaire —, puisque tout ceci est totalement inventé et que l’on assiste, avec amusement, à l’élaboration, au fur et à mesure, d’un film bricolé, avec claps, essais, rushes, remords, mises en place, le tout ponctué par une musique lancinante, digne des plus beaux suspens radiophoniques des années cinquante.
Il s’agit d’un film brillant, un peu nostalgique, sur les bases de ce qui aurait pu se produire, et qui mêle de vraies images d’archives, un faux film des années trente, quelques références historiques, des interviews écrits de toutes pièces et une sorte de sentiment étrange d’escroquerie amusante.
L’un des personnages inventés par le cinéaste est un professeur de théâtre et de littérature anglaise, expert en espionnage, Percy Foster, qui, au cours d’un entretien, cite Jose-Luis Borges disant : « Tout est vrai, sauf les dates et les circonstances« .
C’est également le cas dans cet exercice de style de Gabriel Lichtmann : tout est vrai sauf, ce qui ne l’est pas.
La estrella roja, de Gabriel Lichtmann, sera sera présenté du 17 janvier au 2 février 2023 dans le cadre du festival Dia(s)porama, proposé par le département Art et Culture du FSJU :
- en ligne en VOD du 26 au 28 janvier
- le 25/01 à 20h00 à l’Espace Rachi
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