
D’Agnès B., on savait déjà que c’était une grande amoureuse, amoureuse de la beauté sous toutes ses formes, amoureuse de l’art, et tout particulièrement de l’art contemporain. A l’occasion d’une précédente exposition, voici quelques années au Musée de l’Immigration de la Porte Dorée, Agnès B. nous avait donné accès à quelques pièces de sa collection particulière, et sa Galerie du Jour, rue du Jour, offrait, jusqu’à une période récente, une visibilité à quelques artistes peintres ou plasticiens contemporains.
Voici qu’à présent elle ouvre son propre espace d’art contemporain, place Jean-Michel Basquiat – même l’emplacement est symbolique -, tout près de la Bibliothèque Nationale de France – François Mitterand.
Le lieu est spacieux et élégant, tout en demeurant à échelle humaine. Rien de démesuré ni d’écrasant, comme c’est parfois le cas dans les fondations d’art privées, mais le souci de respecter les œuvres et les visiteurs au sein d’un espace agréable.
L’exposition temporaire présentée jusqu’au 23 mai 2020, La hardiesse dans la collection Agnès B., est également l’exposition du respect et de l’humilité puisque, dès l’entrée, un mot manuscrit de la maîtresse des lieux remercie ses amis artistes.
On trouvera ici bien des signatures, certaines fameuses naturellement, au point d’être devenues depuis longtemps des quasi synonymes de l’art contemporain : Andy Wharhol, Jean-Michel Basquiat, Jean-Michel Othoniel, Louise Bourgeois, Ben, Marcel Duchamp, Claude Lévêque, et bien d’autres encore… Mais l’on y trouve également des noms nettement moins connus du grand public, dont quelques signatures que l’on découvre avec plaisir. Car l’ensemble, très étonnamment, possède une unité indéniable malgré les origines et les périodes. Le tout paraît même avoir été mystérieusement conçu pour l’écrin de La Fab.
C’est que ces œuvres ont été choisies par l’œil exercé, quasi de façon miraculeuse, d’Agnès B. Elle a su trouver une harmonie parfaite et démontrer son étonnant talent de réunir et mettre en valeur. Si bien que ce kaléidoscope brillant paraît une sorte d’exercice de virtuosité, patiné par la profonde humanité de celle qui présida à l’ensemble. On note, à plusieurs reprises, des clins d’œil : telle œuvre a été offerte à Agnès, ou bien l’auteur a eu à cœur de faire le portrait de la créatrice. Comme si, d’abord et surtout, cette collection était une sorte de « réunion d’amis », une volonté de plaire, de donner, de combler.
L’unité paraît également provenir d’une sorte de volonté nette : montrer à quel point l’art contemporain n’est pas nécessairement intellectuel, comme on l’entend dire trop souvent. Qu’il n’a pas besoin d’explications savantes pour toucher, émouvoir, inspirer.
La Fab semble un espace consacré à la beauté et à l’émotion : longue vie à lui !
La hardiesse dans la collection Agnès B., jusqu’au 23 mai à La Fab – Fondation Agnès B. pour l’art contemporain.
Si vous désirez aller plus loin :
Je chemine avec…, de Agnès B., aux éditions du Seuil. 112 pages. 12,00€.
Je crois en l’âme, de Agnès B., aux éditions Bayard. 180 pages. 16,90€.
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