La galerie Saphir : quarante ans au service du dialogue entre les cultures juives…

Vous êtes-vous déjà imaginé vous promenant sur le boulevard Saint-Germain, passant devant un local à vendre, et soudain décider de l’acquérir pour y ouvrir… votre propre galerie d’art ? Eh bien c’est précisément de cette manière qu’a débutée voilà quatre décennies l’aventure de la galerie Saphir.

La galerie Saphir, c’est avant tout une histoire : celle d’un couple — Francine et Élie Szapiro — que rien ne prédestinait à une telle activité. Lui est médecin et historien, elle est journaliste, et ils n’ont aucune connaissance du monde du marché de l’art. Ils n’en ont que l’amour. Et c’est bien là l’essentiel finalement.  

Sans doute mêlé à une pointe d’inconscience, c’est ainsi que débuta un voyage qui dure depuis depuis maintenant quatre décennies. Oui, quarante ans ! 

Dès les balbutiements de ce projet fou, le judaïsme en a été le coeur, et ses différentes formes d’art et d’expression sa colonne vertébrale. Ouvert aux dialogues et à la pluralité des supports et des formes d’expression — peinture, sculpture, littérature, photographie… —, la galerie Saphir se veut comme une revanche sur l’Histoire.

« On caressait le rêve d’ouvrir une galerie dans laquelle nous pourrions défendre la culture juive dans sa diversité, dans sa pluralité, sans l’enfermer dans un “ghetto culturel” mais telle qu’elle a toujours existé : dans ses dialogues avec les autres cultures. »

Francine Szapiro (extrait de l’interview de Michel Zlotowski pour Akadem, mars 2020).

La Shoah a porté un coup final à ce dialogue artistique dont l’École de Paris a sans doute été le plus grand représentant ? Qu’à cela ne tienne, Francine et Élie Szapiro vont oeuvrer leur vie entière à sa reconstruction et au rassemblement de cultures dispersées par la folie de l’homme. L’exposition sur Shelomo Selinger, que la galerie a organisé dans les années 80 — exposition inaugurée par Simone Veil en personne, pardonnez du peu —, n’en est-elle pas le témoignge le plus éloquent ? 

Avec ses faux-airs de musée, la galerie Saphir — ou plutôt « les » galeries Saphir devrions-nous dire — accordent donc une large place aux artiste de l’École de Paris, mais aussi à Gauguin et à son entourage breton de Pont-Aven ; un focus à découvrir plus particulièrement à la galerie de Dinard. 

Et parce que, nous serons tous d’accord sur ce point, l’art Juif ne se limite pas à la seule peinture mais aussi au judaïca du quotidien et surtout aux livres, la galerie Saphir propose de magnifiques et rares objets et de précieux ouvrages faisant les yeux doux à des cimaises auxquelles sont suspendues des oeuvres signées Derain, Braque, Pascin ou Delaunay pour n’en citer que quelques-uns.

Aucun doute, le défi lancé en 1979 est aujourd’hui largement relevé.  

Quelques-unes des oeuvres de Sonia Delaunay exposées à la galerie Saphir de Dinard.

Puits de savoirs et de connaissances, médaille d’argent de la Ville de Paris, membre du syndicat des historiens d’art, Francine Szapiro — qui gère désormais seule la galerie Saphir depuis la disparition de son époux Élie en 2013 — maintient intact l’esprit initié lors de la genèse du projet. Même si la galerie Saphir présente désormais des oeuvres un peu plus contemporaines — la sculptrice Marie-Pierre Weinhold ou le photographe Michel Kirch, invité d’honneur du Salon d’Automne 2019 —, elle est encore et toujours un lieu d’échange et de partage entre les cultures juives. Car non, il n’y a pas une seule culture juive, mais bel et bien des cultures juives. 

Et la galerie Saphir et Francine Szapiro sont là pour nous le rappeler.

Galerie Saphir, deux adresses à découvrir :
– 69, rue du Temple, 75003 PARIS
– 38, rue du Maréchal Leclerc, 35800 DINARD

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