« La honte » de François Hien : le masculin / féminin en question…

Avec La honte, l’auteur François Hien et le metteur en scène Jean-Christophe Blondel nous donnent l’occasion de revisiter le monde universitaire dans sa complexité, alimenté par des réflexions orchestrées par le mouvement « Me too » sur la domination masculine et ses conséquences sur la relation hommes / femmes.

Un professeur émérite d’Université d’une cinquantaine d’années reçoit chez lui une étudiante doctorante pour parler de l’avancement de sa thèse.

Soirée détente, quelques verre d’alcool, une danse,  puis… Le professeur a une relation sexuelle avec elle. Consentante, pas consentante ? La jeune femme se saisit de la commission disciplinaire de l’Université pour statuer.

Loin d’un procès puisque n’intervient pas la justice, la pièce serait plutôt une fable sous forme d’intrigue, avec des portraits saisissants et des dialogues très élaborés, mêlant intimité et vie sociale. Ici, les spectateurs, représentant le public universitaire témoin, participent en silence et sont mis à contribution pour déterminer le rôle et la portée de l’acte.

« Il est important de donner au public les moyens d’entendre, de comprendre et sentir tous les éléments de la domination masculine et ses mécanismes culturels, dira le metteur en scène.« 

Jean-Christophe Blondel.

L’auteur a l’intelligence de défendre chaque personnage tour à tour avec ses propres perceptions, ses ressentis et ses arguments.

Pour débattre de la finalité de cet évènement dramatique, une femme professeur et un homme conseiller juridique de l’Université prennent la parole à tour de rôle pour entendre chaque partie interrogée sur sa version des faits.

Cette pièce apporte son lot de questionnement sur le pouvoir, la responsabilité et tente de répondre à deux questions : le professeur est il coupable ou non de viol ? Et quelle décision va prendre l’université ? 

On entendra tout à tour la jeune fille qui, en état de sidération, n’est pas intervenue lors de l’acte sexuel non voulu par elle. Et on entendra également la déposition du professeur qui lui, a toujours pensé que c’était un acte consenti et ne voyait pas la violence de l’acte.

Bien entendu l’argumentation couramment proposée est que la jeune femme a provoqué le professeur par une attitude libre et décontractée, induisant  la possibilité d’un acte sexuel consenti ; quant à l’argument de la jeune femme, il tient surtout sur le principe de domination masculine et le pouvoir hiérarchique lié à ses mécanismes culturels.

Chacun restera avec son choix et on peut dire que « l’un vante la nécessité de la justice et l’autre la nécessité de la révolte.« 

Jean-Christophe Bondel parlera de son envie de prendre leur place dans l’immense mouvement  de relecture critique des fondements invisibles de nos sociétés.

Une pièce  passionnante, intelligente, dérangeante à l’actualité brûlante. À voir absolument !

La honte, actuellement au théâtre de Belleville.

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