Avec « La vie contrariée de Louise », Corinne Royer nous emmène au Chambon-sur-Lignon…

« La région du Chambon-sur-Lignon occupe une place unique dans l’histoire de France, nulle part ailleurs les Juifs ne furent accueillis et sauvés en aussi grand nombre et avec pareille générosité.« 

Extrait du Dictionnaire des Justes de France.

C’est donc dans cette région de Haute-Loire, où se mêlent toits de lauze et murs de pierres grises, que se déroule La vie contrariée de Louise, le second roman de Corinne Royer. A-travers les yeux de Louise Sorlin, plus vraiment adolescente, pas encore tout à fait femme, l’auteur nous replonge dans la période noire de la Seconde guerre mondiale.

Au fil de dizaines de pages d’un petit cahier rouge – le journal intime de Louise, James Nicholson, arrivé tout droit de l’Upper West Side, va découvrir et apprendre à connaître cette grand-mère qu’il n’a jamais vue, et qui s’éteint le matin même de son arrivée. Un décès de plus dans cette maison de retraite qui semble frappée d’un bien mauvais sort.

Au One Toutou, une auberge tenue par Alice, amatrice de littérature érotique et se rêvant tenancière de maison close, James Nicholson fait la connaissance de Nina, une serveuse, à qui il demande de lui lire chaque soir une dizaine de pages du journal de Louise.

Cette histoire, James peut l’entendre, mais ne se sent pas la force de la lire…

Le conflit est entamé depuis déjà quatre longues années, lorsque la jeune Louise débute son récit. Du haut de ses dix-sept ans, elle pose déjà sur l’histoire et sur les hommes un regard d’adulte, laissant transparaître sa colère, ses doutes et son incompréhension, portant tour à tour la vareuse de Franz, son petit ami, soldat de l’armée allemande, et l’étoile jaune, elle tente de dédramatiser le quotidien en renommant les enfants « Petits Poucets », et les allemands « Ogres », comme si cet épisode n’était pas réel mais tout droit sorti d’un conte de la cruauté.

Après M comme Mohican, son premier roman, c’est aux confins de l’Ardèche et de la Haute-Loire, en terre protestante, que Corinne Royer choisit de placer la scène de La vie contrariée de Louise. Méconnu du grand public, le Chambon-sur-Lignon a, pendant l’Occupation, protégé plus de trois mille Juifs. Corinne Royer rend aujourd’hui hommage à ces Justes Parmi les Nations. Un bien bel hommage.

La vie contrariée de Louise, de Corinne Royer, aux éditions Actes Sud. 256 pages. 7,80€.

Si vous désirez aller plus loin :

La montagne refuge : accueil et sauvetage des juifs autour du Chambon-sur-Lignon, aux éditions Albin Michel. 398 pages. 25,00€.
Le Chambon-sur-Lignon : le silence de la montagne, de Bertrand Solet, aux éditions Oskar. 96 pages. 9,95€.
La montagne des Justes : Le Chambon-sur-Lignon, 1940-1944, de Patrick Gérard Henry, aux éditions Privat. 20,30€.

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