« Le prodige », le biopic d’Edward Zwick sur le champion des échecs Robert Fisher

Brooklyn, novembre 1951. Seul dans sa chambre d’enfant, Robert James Fischer dispute une partie d’échecs contre lui-même. La passion du jeune garçon pour ce jeu, qu’il a appris seul, est assez mal accueillie par Regina, sa mère, qui se rend toutefois au Brooklyn Chess Club afin de lui faire disputer une partie qu’elle espère bien le voir perdre. Peut-être une défaite lui donnera-il l’envie d’arrêter ?

Battu par son adversaire, le 25ème meilleur joueur de New-York, ce dernier décèle cependant chez le jeune garçon un potentiel immense. Une révélation qui mènera Bobby Fischer sur les routes internationales du succès : champion des Etats-Unis en 1956 – il est alors âgé de 13 ans –, Grand Maître International en 1958, et il bat pour la première fois un champion soviétique, Paul Keres, à Zurich en 1959.

Son ambition de devenir champion du monde semble se rapprocher à grands pas, aussi décide-t-il d’arrêter les études pour ne se consacrer qu’aux échecs. Cette décision dégradera fortement les relations entre le jeune homme et sa mère, fermement opposée à cette décision.

En 1962, suite à deux défaites, il dépose plainte contre les joueurs russes qu’il accuse de tricherie et contre une fédération qu’il dit corrompue. Devant les caméras du monde entier, il déclare arrêter de jouer. Mais il reviendra à la compétition trois ans plus tard et décrochera le titre mondial tant convoité en 1972, en battant le russe Boris Spassky à l’issue d’un match historique, tant pour le symbole – le gamin de Brooklyn face à la toute puissance russe, une troisième guerre mondiale sur un échiquier en quelque sorte –, que pour les péripéties qu’il a engendré.

Après avoir menacé de ne pas se présenter au tournoi, Bobby Fischer exigea que le match se déroule dans une salle de ping-pong, sans public, et avec une seule caméra en plan fixe. Malgré cela, la sixième partie de ce match est aujourd’hui encore considéré comme la meilleure partie d’échecs jamais jouée.

Sur fond de Guerre Froide et d’espionnage entre CIA et KGB, Le prodige, d’Edward Zwick, met en lumière la vie tourmentée et complexe du génial Bobby Fischer, dévoilant ses aspects les plus torturés. Arrogant et sûre de sa supériorité, paranoïaque, il était persuadé que les russes – qu’il déteste tout en appréciant leurs magazines d’échecs -, et les Juifs – bien que Juif lui-même -, voulaient sa perte.

Il se plait à refaire les parties que d’autres ont perdu en soulevant leurs erreurs, met la pression sur ses adversaires en les faisant attendre – voir en ne se présentant pas –, sort de ses chambres d’hôtel pour téléphoner, persuadé d’être sur écoute, modifie les modalités de ses contrats à l’envie…

Atteint de problèmes mentaux, il perd son titre par forfait en 1975, et dispute un dernier match de septembre à décembre 1992 à Belgrade contre Spassky, en pleine guerre civile et sous embargo américain. Poursuivi par les Etats-Unis, il séjourne clandestinement dans divers pays et demande l’asile politique à l’Islande fin 2004, où il meurt quatre ans plus tard.

Le prodige, d’Andrew Zwick. DVD. 114 minutes.

Partagez vos impressions

Cet article vous intéresse ? Laissez un commentaire.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.