« Les cahiers de Janina », le témoignage de Janina Hescheles Altman

Publiés pour la première fois en 1946 en Pologne, Les cahiers de Janina sont un témoignage précieux. Janina Hescheles y transcrit ses souvenirs de pré-adolescente en Pologne sous domination russe, puis allemande. Elle n’a alors que douze ans.

Elle y raconte son histoire personnelle, avec la perte de sa famille, de ses parents, le rejet de sa tante, mais aussi celle de la communauté avec ses traîtres, et surtout ses héros, comme Parnas, le président de cette communauté, fusillé en 1941. Courageusement, ne voulant condamner qui que ce soit, il refusa de fournir des noms.

Plusieurs actes de résistance sont ainsi racontés, ainsi que des actes plus douloureux de violence ou de chantage.

Le récit a la spécificité d’être écrit « à chaud ». Janina n’est plus dans le camp quand elle raconte cette époque, mais elle n’est pas sauvée pour autant. Ses écrits datent de 1943, alors qu’elle est arrachée à l’horreur mais encore cachée. Une grande partie du livre explique et entoure le texte. Des explications sont traduites de l’édition d’origine, d’autres sont actuelles, comme l’épilogue écrit en 2015 par l’auteure. Ces écrits permettent de la connaître dans sa trajectoire et son présent.

Un seul regret cependant, lié au fait que dans un désir de paix tout à son honneur, l’auteure fait un rapprochement entre la fuite des Palestiniens de Haïfa et la fuite des Juifs durant la Shoah. Une interprétation des faits dans la droite ligne de celle des nouveaux historiens.

En dehors de cela, Les cahiers de Janina offre une vision claire des étapes de la réception des témoignages des survivants de la Shoah.

Enfin, une partie propose des poèmes écrits et partagés par Janina dans le ghetto. Des poèmes importants car ils sont à l’origine de son sauvetage. Michel Borowicz, qui a entendu parler de Janina, s’évadera, puis fera évader Janina ainsi q’une autre personne. Maria Hochberg-Marianska, chargée de lui trouver une cachette, lui donnera des cahiers et un crayon. Avec Michel Borowicz, ils s’occuperont de la première édition du témoignage.

Il est tristement probable que l’enfance s’envole plus vite confrontée à de telles épreuves. Ce qui explique sans doute que ce document important est écrit dans un style d’une grande maturité.

Sophie MASSON pour Cultures-J.com.

Les cahiers de Janina, de Janina Hescheles Altman, aux éditions Classiques Garnier. 156 pages. 14,50€.

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