« Love and Mazel Tov », la comédie romantique de Wolfgang Murnberger

Selon une vieille légende Yiddish citée dans le film, deux loups se disputent en permanence notre cœur : l’un des deux est empli de haine et de colère tandis que l’autre déborde d’amour et de passion.

Au final, celui qui l’emporte, c’est celui que l’on nourrit.

La jeune Anne Braun a bien failli nourrir le mauvais loup. Elle est divorcée, passionnée par les philodendrons, elle vivote tant bien que mal en tenant une petite libraire et elle s’intéresse à tout ce qui concerne la culture hébraïque.

Anne est l’inverse d’une antisémite : elle fait partie de ceux qu’on nomme les philosémites. Mais cette fascination est clairement, dans son cas, une façon de racheter le pesant héritage familial. Le grand-père d’Anne, durant la Seconde Guerre mondiale, a fait fortune en rachetant à bas prix les biens des familles juives contraintes à l’exil. Le père, lui, ne déplore guère ce passé : il est un peu âgé, équipé d’un sonotone et, pourtant, il n’entend que ce qu’il est bien décidé à entendre, et surtout pas ce qui pourrait le fâcher.

Après tout, c’est grâce à la bonne santé de l’entreprise familiale fêtant ses deux cents ans d’existence que la petite libraire d’Anne peut survivre.

Telle est la situation d’Anne lorsqu’un enchaînement de situations burlesques décide de son destin. Elle chute sur un livre laissé au sol — un recueil d’Ephraim Kishon —, puis est hospitalisée dans le service du beau Tobias Fernstein, l’urgentiste, qui va ensuite lui présenter son meilleur ami, Daniel Rubenbauer, gynécologue de son métier, alors qu’elle-même, Anne, est accompagnée de sa meilleure amie, Laura Lorenz. Tout ce joli monde se retrouve en boite pour mieux faire connaissance et une idylle se noue entre Tobias et Laura, une autre entre Anne et Daniel.

Oui mais voilà, Daniel n’est pas juif et, à l’évidence, pour Anne, c’est un problème. Sa vie entière est consacrée à la judaïté, par exemple en aidant la maison de retraite juive et en faisant la promotion d’un vieil écrivain, Shlomo Wisniewski, à publier ses souvenirs d’Auschwitz.

Tel est le paradoxe de la société munichoise moderne : les traces du passé sont si prégnantes et si présentes qu’il vaut nettement mieux être juif pour y faire face.  

Tel est le fil conducteur de cette petite comédie romantique drapant les raideurs d’un univers très conventionnel où se pose une cruelle question: le fait d’être philosémite ne serait-il pas, d’une certaine manière, le pur et simple prolongement du fait d’être antisémite ?

Ce film possède la légèreté des bulles de champagne venant masquer tout le tannique de la situation contemporaine. Et l’on se demande, chemin faisant, pourquoi donc Theodor Herzl, le fondateur d’Israël, n’était pas circoncis et aussi ce qui explique que Moïse ait pu conduire son peuple, durant quarante ans, vers le seul pays du Moyen Orient à ne pas posséder de pétrole : un hommage à l’humour juif.

Love and Mazel Tov, de Wolfgang Murnberger, sera présenté du 17 janvier au 2 février 2023 dans le cadre du festival Dia(s)porama, proposé par le département Art et Culture du FSJU :

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