Lucien-Anatole Prévost-Paradol, journaliste et essayiste

Le journaliste et essayiste français  Lucien-Anatole Prévost-Paradol naquit le 8 août 1829 à Paris et se suicida à Washington le 20 juillet 1870, après la déclaration de guerre Franco-prussienne.

Pour l’état-civil il était le fils de Vincent-François Prévost et d’Anne Catherine Lucinde Prévost-Paradol, comédienne de la Comédie-Française. En réalité, il était le fils de Léon Halévy, le Saint-simonien. Cette origine juive paternelle qui, si elle l’a rendu sensible à la condition des Juifs en France au XIXème siècle, lui fut reprochée lors de son élection à l’Académie Française et lors de son ralliement à Napoléon III.

Lucien Prévost-Paradol fut élu le 11 mars 1866 à l’Académie Française au fauteuil d’Ampère, homme de lettres, fils du savant.

Très tôt orphelin de mère, élevé par charité par les comédiens du Théâtre français, il entra en 1849 à l’Ecole Normale Supérieure, rue d’Ulm, mais la quitta prématurément. Elève brillant, il devint très vite le major de sa promotion. 

Pendant le coup d’Etat du 2 décembre 1851, Prévost-Paradol, qui était alors  major de troisième année — ce qui l’autorisait  à parler au nom de l’Ecole toute entière — se rendit  chez le directeur afin protester contre le coup d’Etat, et l’assurer que l’Ecole se rangeait du coté de l’Assemblée. Une heure plus tard la rue d’Ulm fut remplie de soldats et l’Ecole consignée. Les agrégations nobles : philosophie, histoire… supprimées, un régime de « haute surveillance » instauré. Lucien Prévost-Paradol donna sa démission sans avoir terminé ses études.

Il se livra donc à des travaux de librairie pour la maison Hachette, bâcla une double thèse latine et française, et obtint une chaire à la Faculté des Lettres d’Aix. Après avoir quitté l’enseignement supérieur et la quiétude d’une vie facile, il se lança dans le journalisme où il s’imposa au Journal des débats, le grand journal libéral et conservateur, le journal des Orléanistes si bien vu des Rothschild et des enseignants de haut rang. Il écrivait tous les quinze jours dans Le Courrier du Dimanche, et au terme de sa vie envoya au Times des correspondances non signées mais dont le public reconnaissait la griffe.

S’il fut l’un des principaux représentants de l’opposition libérale au Second Empire, cela lui valut un séjour en prison. Un mois de prison qu’il fit dans d’assez bonnes conditions, à la maison de santé du Docteur Blanche.

Prévost-Paradol était politiquement dans le sillage de Thiers, qui préconisait l’union des anciens partis légitimistes, orléanistes et républicains avec l’Union Libérale. Il fut malheureusement battu aux élections de 1863 et de 1869, malgré les princes d’Orléans qui financèrent sa campagne. En compensation, il fut élu en 1865 à l’Académie française, s’amusant à prononcer l’éloge des prix de vertu.

Devenu une personnalité du « Tout-Paris », il fréquentait l’Opéra, les petits théâtres et leurs comédiennes, aida son demi-frère Ludovic Halévy à écrire les pièces dont Offenbach composa les musiques. Il fut l’un des journalistes les mieux payés, faisant la promotion du libéralisme : la liberté de la presse, liberté des élections, liberté des réunions, défense des minorités et notamment de la minorité juive — qui connaissait son âge d’or en France —, Monarchie constitutionnelle etc…

Anglophone de la pure tradition orléaniste, il défendit l’Angleterre qui refusait toute extradition, il jugea la justice de son temps avec sévérité, dénonça les erreurs, admit comme Jules Favre la limitation du suffrage universel, réservant le droit de vote aux français sachant lire et écrire.

Mais c’était la politique étrangère de l’Empire qui attira ses plus virulentes critiques ; politiques des nationalités, unité italienne, naissance de l’Etat Allemand… Lucien Prévost-Paradol avait très bien prévu la montée en puissance germanique qui allait bientôt supplanter la France comme puissance dominante en Europe. Cependant, il vit encore plus loin et prédit que cette domination serait de courte durée. En effet, il a analysé la démographie des principales puissances de l’époque, les Etats-Unis, l’Empire britannique, la Russie et l’unification de l’Allemagne.

Si sa pensée sociale était courte, si les problèmes de l’éducation le retenaient peu, il fut été obsédé par le « déclin » français. Il avait envisagé, en cas de défaite, une extension de la puissance française en Afrique du Nord ; il avait tracé dans ses grandes lignes l’esquisse d’une constitution valable aussi bien pour une monarchie libérale que pour une république modérée, ce que devait être la Constitution de 1875.

Mais avec l’arrivée au pouvoir d’Émile Ollivier, mari de Blandine Liszt, Prévost-Paradol, proche du couple Ollivier, crut à une évolution libérale de l’Empire et accepta le poste de ministre plénipotentiaire de France aux Etats-Unis, ce qui lui valut de très violentes attaques de la part du parti Républicain.

À peine est-il installé dans son poste que la guerre de 1870 éclata. C’était la guerre qu’il avait annoncée et redoutée dans La France nouvelle. Désespéré, Prévost-Paradol se suicida d’un coup de revolver à Washington.

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