« Magie. Anges et démons dans la tradition juive », actuellement au MAHJ de Paris

Jusque fin juin 2015, c’est à un tour du monde temporel et géographique que nous invite le Musée d’Art et d’Histoire du Judaisme de Paris avec la passionnante exposition Magie. Anges et démons dans la tradition juive.

magie anges et demons musee judaisme parisSujet atypique s’il en est, de l’Antiquité à nos jours, ce sont plus de 300 oeuvres originaires de l’empire ottoman, de Tunisie, du Maroc, du Kurdistan, de Bagdad, de l’ouest de l’Iran, d’Ouzbékistan, du Yémen ou encore d’Allemagne ou d’Italie qui sont aujourd’hui présentées, issues de collections privées et publiques, parfois montrées pour la première fois, et qui donnent les clés à une meilleure compréhension quant à la fonction et au sens de la magie.

Dès la première salle, les bases sont posées : Lilit, une des plus fortes incarnations du mal, mère de tous les démons et source intarissable d’inspiration dans l’art et la littérature depuis le 19ème siecle, accueille le visiteur. S’emparant des nouveaux-nés, c’est sans conteste son mythe qui a le plus bouleversé les générations juives. Que ce soit chez les Juifs ou les non-Juifs, son effigie se répands comme une traînée de poudre durant toute L’Antiquité tardive.

Aussi, afin de protéger mères et enfants, que seul le huitième jour pourra mettre à l’abri de la démone, la circoncision scellant son alliance avec D. et le rendant intouchable, on conçoit quantités d’amulettes censées les protéger du sort et de la fatalité.

Liés aux vertus de l’enfant, ces bijoux étaient réalisés à l’aide de matériaux aussi variés que des griffes de lion, du corail, du jais, de l’argent ou encore du bronze, à l’image du magnifique collier retrouvé dans une sépulture de Tarrega, en Espagne, où les habitants de la juiverie furent massacrés en 1348, alors que la peste noire décimait l’Europe.

Si le monde séfarade est à l’origine des plus fortes transmissions, les communautés ashkenazes prennent quant à elles plus de distance vis-à-vis de ces protections, l’interdiction de faire montre de trop de richesses étant interdite afin de ne pas éveiller les jalousies des chrétiens. Et bien que prohibée par la Torah, relevant même du charlatanisme selon Maïmonide – des objections qui ne firent pas école -, les rabbins et les autorités religieuses, à défaut de pouvoir interdire ces usages, finiront par les encadrer, laissant ainsi la magie pénétrer le Peuple d’Israël.

Ce superbe tour du monde s’achève sur une confrontation avec les magies chrétiennes et musulmanes, mettant en lumière leurs étranges similitudes et le fait que la « magie de l’autre » était, quoiqu’on en dise, plus puissante que la sienne, et sur des travaux d’artistes contemporains tels Ken Goldman par exemple, auteur de poupées kabbalistiques de Sanoï, Sansanoï et Semangelof, anges protecteurs des hommes.

Portée par une scénographie audacieuse et envoûtante, Magie. Anges et démons dans la tradition juive est sans doute une des plus belles et des plus passionnantes expositions organisées par le MAHJ ces dernières années.

Magie. Anges et démons dans la tradition juive, au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, jusqu’au 19 juillet 2015. Informations sur le site du MAHJ.

Si vous désirez aller plus loin :

Magie. Anges et démons dans la tradition juive, le catalogue de l’exposition, aux éditions Flammarion. 172 pages. 32,00€.
Les grands courants de la mystique juive, de Gershom Sholem, aux éditions Payot. 634 pages. 10,65€.

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