« Misery », le thriller de Stephen King, actuellement au théâtre Hébertot

Suite à un accident de voiture, Paul Sheldon, écrivain à succès, est recueilli par Annie Wilkes, une ancienne infirmière. Le blizzard et la neige ayant rendu l’accès à la ville et à l’hôpital impossible, c’est donc dans une chambre de sa maison qu’Annie installe l’auteur, inconscient pendant plusieurs jours.

A son réveil, Paul Sheldon réalise ce qui lui est arrivé, et découvre en Annie une fervente admiratrice de Misery Chastain, héroïne de la saga qu’il a créée vingt ans plus tôt. “Admiratrice” est peut-être même un peu faible pour celle qui assure être sa “fan numéro un”. Bien entendu Annie a lu tous les tomes de Misery, et attends la suite avec une impatience non-dissimulée. Elle ne semble vivre qu’à-travers son héroïne.

Aussi, quand Paul Sheldon, qui souhaite désormais se consacrer à une littérature plus sérieuse, réalise que le dénouement de son ultime volume pourrait être inattendu pour elle, il tente de la ménager et de la préparer. Mais Annie, trop excitée, ne veut rien savoir avant de découvrir le livre elle-même.

Et il ne lui faudra que quelques heures pour dévorer les pages de l’ultime volet de la saga, sorti quelques heures plus tôt. Mais lorsqu’Annie découvre que Paul Sheldon fait mourir Misery, elle entre dans une colère noir.. Il est impossible que Misery meure !

Elle séquestre Paul Sheldon et lui ordonne de réécrire l’histoire, en ramenant Misery à la vie.

Coupé du monde et prisonnier d’une dangereuse psychopathe, l’écrivain, conscient qu’une fois le manuscrit achevé, elle le tuera, n’a d’autre choix que de s’exécuter.

Porter sur les planches d’un théâtre le livre d’un auteur à succès alors même que son adaptation cinématographique, quatre ans après la sortie du roman, a connu un engouement considérable et a été multi-récompensée est un pari risqué. Le spectateur va difficilement s’ôter de l’esprit les images vues sur grand écran, depuis les traits des protagonistes jusqu’aux décors, en passant par la mise en scène… Surtout lorsque l’on sait qu’une adaptation théâtrale a déjà été jouée sur la prestigieuse scène du Broadhurst Theater de Broadway avec une tête d’affiche de renom : Bruce Willis. Rien que ça !

Un pari risqué donc.

C’est pourtant le défi que s’est lancé la chanteuse et comédienne Viktor Lazlo en portant Misery sur les planches du théâtre Hébertot, le roman-phare du maître du thriller américain Stephen King.

Si Rob Reiner, réalisateur du film en 1991 avait pris quelques libertés par rapport au roman, rendant certaines scènes plus “soutenables”, celles-ci ont également été conservées dans la pièce de théâtre. Point de pouce coupé donc, ni de chevilles sectionnées à coups de hache. Finalement, on préfèrera l’utilisation de la massue.

Sur la scène du théâtre Hébertot, la mise en scène signée Daniel Benoin s’ouvre sur la chambre dans laquelle Paul se trouve déjà en convalescence, sous les bons auspices de son infirmière-boureau. Et durant une heure trente, les spectateurs ne sortiront pas de cette chambre. Mise en scène idéale pour huis-clos étouffant. Les rares moments d’échappatoire ne le seront que par le biais d’écrans renvoyant une série de quatre images de télésurveillance, issues de caméras subtilement placées dans diverses parties d’une maison dans laquelle, à l’instar de Paul, le public ne sera pas convié.

S’agissant du jeu des acteurs, Francis Lombrail, qui signe également l’adaptation française de 12 hommes en colère dans la même salle, couronnée d’un Globe de Cristal 2018 en tant que Meilleure pièce de théâtre, campe un Paul Sheldon parfait en tout point. Quant à Myriam Boyer, elle excelle tout simplement dans son rôle d’Annie Wilkes, et semble attirer vers toute la lumière, parfaite dans son rôle de méchante, comme elle l’était également il y a deux ans sur la scène du théâtre de l’Atelier dans Le chat, de Georges Simenon. Et malgré quelques longueurs vite oubliées, le public retrouvera bien dans cette adaptation toute l’ambiance et la tension voulues par Stephen King, auteur de plus de 70 romans et nouvelles vendus à 350 millions d’exemplaires.

Misery, actuellement au théâtre Hébertot.

Si vous désirez aller plus loin :

Misery, de Stephen King, aux éditions Livre de Poche. 391 pages. 8,30€.
Misery, de Rob Reiner, avec James Caan et Kathy Bates. DVD. 103 minutes.

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