« Moi aussi j’ai vécu » : Helios Azoulay, ou le musicien des mots

Personnage haut en couleur, en son et en plume, musicien, compositeur, auteur éclectique et inspiré, roi de la clarinette…, Hélios Azoulay crée et joue sur scène un spectacle adapté de son roman « Moi aussi j’ai vécu ».

En véritable homme-orchestre, il dira que plus il se disperse, plus il apparait.

Il dit avoir « la chance de vivre dans ce siècle où l’art est à la fois un outil technique à maitriser et la capacité de questionner le cœur même de ce qu’est la musique, le théâtre, etc…« , et cela, le même être peut le faire. Il s’exprime pleinement dans toutes les manifestations artistiques.

Hélios Azoulay a fondé il y a quinze ans un ensemble de musique incidentale avec au départ une idée précise d’avant-garde. Puis il se dit qu’il n’y avait rien de plus triste que de théoriser la musique. Pour lui, l’improvisation c’est la grâce du moment, c’est être plus pleinement au cœur même de la musique. « La vie nous improvise et improviser, c’est la vie !« 

Depuis treize ans, il joue avec son orchestre des musiques retrouvées dans les camps de concentration. Il peut tout faire avec sa clarinette, faisant corps avec elle, et ce de façon intense, parfois halluciné.

« La clarinette est le micro de l’âme. »

Hélios Azoulay.

Hélios Azoulay a écrit un second récit qu’il interprète au théâtre : Moi aussi j’ai vécu, un ouvrage qui est venu tout seul, d’une traite, chapitre après chapitre. Pour la littérature, « il suffit de s’assoir au bon endroit et au bon moment » dira t-il.

Là, il convoque des fantômes. Ou plutôt celui de son père, disparu depuis qu’il a quatre ans et qu’il retrouve dans un compartiment de train en Inde.

La pièce débute, qui consiste à se connaitre, à se découvrir entre deux apparitions et disparitions du père, oscille entre ombre et lumière.  

« Le seul privilège de la littérature est le seul pouvoir que je puisse m’ offrir en tant qu’orphelin, une façon de réenchanter le passé… Evidemment, c’est un leurre mais c’est la réalité de l’art… »

La création littéraire lui semble une libération, un cri qu’il pousse, qui le libère et lui procure  une intense impression légèreté. La plupart des gens pensent que l’art est quelque chose de superflu, alors qu’il considère que c’est la nourriture essentielle. La musique joue un rôle primordial, même s’il joue peu de la clarinette dans cette pièce, laissant écouter les paroles…

Seul sur scène, Hélios Azoulay est néanmoins entouré de personnes auxquels il est très attaché : son metteur en scène Steve Suissa et sa mélodiste Marielle Rubens, qui tiennent tous deux une place capitale à la fois dans sa pièce et dans son œuvre. Il a été aidé en cela pour faire un véritable travail d’épuration du texte :

« C’est la première fois que je suis seul en scène, juste avec la parole et la lumière. Le costume de mariage de mon grand-père que je porte est mon seul ornement sur scène. Je suis très heureux de donner au public ce qu’il y a de plus sensible et de plus nuancé. […] J’ai été accroché corps et âme au jugement de Steve et de Marielle qui ont décidé de ne conserver du texte que la nourriture la plus émotionnelle, la plus pure et la plus précise.« 

Hélios Azoulay.

Et lui ne conserve que ces moments d’émotion, ce que finalement le public vient chercher. Courrez-y vite !

Moi aussi, j’ai vécu, de et avec Hélios Azoulay, actuellement au théâtre du Rond-Point.

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