« Mus / Mouse / Maus » : les souris d’Art Spiegelman débarquent au Mémorial de la Shoah

L’exposition Mus / Mouse / Maus, actuellement présentée au Mémorial de la Shoah de Paris, a pour objectif de donner libre cours à l’interprétation d’auteurs de bandes dessinées suédois de Maus, d’Art Spiegelman.

Composées de planches issues de vingt-six artistes, les œuvres dérivées composant l’exposition comptent toutes dans leurs cases des souris, des chats, des lapins et autres animaux qui ne sont pas sans rappeler l’œuvre-phare d’Art Spiegelman.

Né le 15 février 1948 à Stockholm, en Suède, où ses parents se sont réfugiés après avoir survécu à la Shoah, Art Spiegelman est un mythe de la bande dessinée moderne. Après s’être installé aux Etats Unis, il contribue à l’illustration de revues telles que Real Pulp ou Young Last, avant de publier en 1986 l’ouvrage qui rencontrera un succès mondial : Maus.

Bande dessinée monochrome de plus de 250 pages, traduite en dix-huit langues, Maus est un récit mêlant deux histoires : celle de la Shoah, et celle des relations entre un père et son fils.

Composée de deux tomes, Mon père saigne l’histoire, sorti en 1986, et Et c’est là que mes ennuis ont commencé, sorti en 1991, Art Spiegelman retrace dans Maus l’histoire de son père, juif polonais déporté à Auschwitz. En 1973 déjà, il avait mis sa vie et ses expériences en images en revenant sur le suicide de sa mère, survenu cinq ans plus tôt, dans Prisoner of the Hell Planet, publié dans le premier numéro de Short Order Comix.

Si le sujet de la déportation a de nombreuses fois été traité, Maus s’avère différent et s’impose grâce à son originalité. En effet, tous ses protagonistes sont représentés sous une forme animale. Ainsi, les juifs sont des souris (« maus », en allemand), les allemands des chats, les français des grenouilles, les américains des chiens, les anglais des poissons, etc. Une des principales sources d’inspiration de l’auteur fut sans aucun doute une autre bande dessinée, La bête est morte, de Calvo et Zimmermann. Conçue dans la clandestinité, et parue quelques mois seulement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, elle traite également de la Shoah, transposant le conflit chez des animaux.

Jamais une bande dessinée n’aura rencontré un tel succès, Maus ayant même fait l’objet d’une exposition au MoMA de New York. Tous les grands musées du monde exposent des dessins originaux et en 1992, Art Spiegelman reçoit le prestigieux Prix Pulitzer.

L’année suivante, il est engagé au New Yorker, et signe un nouveau coup de maître en 2001, à l’occasion de la tragédie des attentats du 11 septembre, en dessinant une couverture d’apparence noire, mais sur laquelle apparaissent, en jouant avec les reflets, les tours jumelles du World Trade Center. En 2003, certaines de ces planches, intitulées A l’ombre des tours mortes, refusées par la presse américaine, sont publiées dans des magazines et des journaux européens, et l’année suivante, un album tiré de ces planches sera publié, rencontrant une nouvelle fois un succès sans précédent.

Début 2011, Art Spiegelman reçoit le Grand Prix de la Ville d’Angoulême, récompense remise à un auteur pour son œuvre, ou à sa contribution à l’évolution de la bande dessinée.

Mus / Mouse / Maus, jusqu’au 30 décembre 2011 au Mémorial de la Shoah.

Cette exposition sera également présentée début 2012 au Centre Européen du Résistant Déporté.

Si vous désirez aller plus loin :

Maus, l’intégrale, d’Art Spiegelman, aux éditions Flammarion. 296 pages. 30,00€.
À l’ombre des tours mortes, d’Art Spiegelman, aux éditions Casterman. 38 pages. 28,50€.

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