De « Sissi » à « La passante du Sans-Souci » : Romy Schneider sous les projecteurs de la Cinémathèque

Elle était née Schneider, elle est devenue Romy.

Romy et sa plastique somptueuse ; tout semble dit en termes de beauté, de féminité, de grâce et d’élégance. Pourtant il y eut rarement, à ce point, une telle dichotomie entre l’extérieur et l’intérieur, entre l’apparence angélique et la psyché torturée.

D’un nom de famille quelque peu marqué dans l’Allemagne des années quarante à un prénom lumineux. Romy.

Elle est née en 1938 dans une famille de saltimbanques : tout le monde joue chez elle, mais à l’époque, tout le monde joue pour le plaisir des dignitaires nazis. La  maison familiale est située  à Mariengrund, à côté du nid d’aigle d’Hitler, et la mère en particulier a des liens avec le Troisième Reich.

Ernst Marishka, un ami de la famille, ancien metteur en scène d’opérette et fasciné par le personnage d’Elizabeth de Wittelsbach, rencontre la toute jeune Romy et la trouve idéale pour incarner Sissi. Elle a seize ans à peine. Ce sera la gloire instantanée mais une gloire dont elle, Romy, se serait bien passée : une gloire de pacotilles et de paillettes désuètes.

« Cette petite autrichienne qui avait fait fortune dans la confiserie viennoise. »

Alain Cavalier.

On comprend dès lors à quel point Romy Schneider n’aura de cesse, sa vie durant, de quitter ce rôle mièvre qu’on lui avait fait endosser et qu’elle puisse éprouver le désir d’exorciser sa culpabilité.

Le père lui avait dit : « Tu as de la chance, tu es photogénique« . Oui, mais la jeune femme, aussi photogénique soit-elle, possède en elle un abîme névrotique qui va la rendre, sa vie durant, consciencieuse, anxieuse, angoissée. Pas pour rien qu’elle va endurer sans presque broncher les souffrances masochistes que lui inflige Henri-Georges Clouzot sur le tournage de L’enfer. Au final, souffrir, elle ne connaît que cela : et sa vie même en est un, d’enfer…

De Sissi à Ludwig, c’est Luchino Visconti qui lui permet de faire se métamorphoser la princesse guimauve et patchouli en souveraine altière et neurasthénique.

Plus tard, c’est Orson Welles qui lui fait oublier son maquillage et accepter sa nudité. Elle s’affronte ainsi aux plus grands noms du cinéma, dans les domaines les plus divers, car elle n’a de cesse de jouer avec son image. Elle ne parvient jamais à se sentir satisfaite, elle passe son temps à chercher, tout le temps chercher, explorer d’autres voies, d’autres façons d’être, d’autres manières de travailler.

Romy savait qu’elle devait payer au prix fort son passage sur cette terre. Elle qui avait tant de cœur perdit les battements du sien à quarante-trois ans à peine.

Romy Schneider, jusqu’au 31 juillet 2022 à la Cinémathèque Française.

Si vous désirez aller plus loin :

Romy Schneider, le catalogue de l’exposition par Clémentine Deroudille, aux éditions Flammarion. 256 pages. 35,00€.
Romy Schneider, de Sophie Guillou, aux éditions Libretto. 112 pages. 6,70€.
Adieu Romy. Portraits, de Klaus-Jürgen Sembach, aux éditions Schimer. 187 pages. 12,50€.
Romy, au fil de la vie, de David Lelait-Helo, aux éditions Télémaque. 29,90€.

Et pour la jeunesse :

Sissi, ouvrage collectif, aux éditions Quelle Histoire. 40 pages. 5,00€.
Sissi, ouvrage collectif, aux éditions Fleurus. 172 pages. 14,90€.

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