Sandor Maraï, ou la difficulté d’être un écrivain éternellement exilé…

Il est né en 1900, en Hongrie, à l’aube d’un siècle sans concessions. Journaliste d’abord, puis écrivain, il traversera le siècle, il s’est suicidé aux Etats-Unis en 1989, comme un intellectuel hongrois amoureux de son pays et de sa langue, toujours confronté à la difficulté d’être dans une position bancale, entre amour et haine.

Une situation que retrace ce journal des années terribles, de 1943 à 1948, du nazisme au stalinisme, et lui, l’intellectuel, sera remis en cause sous ces deux régimes si proches, si prompts à se débarrasser des gêneurs, juifs ou pas.

Il n’ira pas jusqu’à l’insurrection, jusqu’à l’engagement politique, comme un Camus ou un Malraux ou encore un Gary, il restera un observateur, jusqu’à ce qu’il quitte la Hongrie en 1948, cette terre qu’il a aimé et qui n’a pas toujours été une bonne mère, malgré la reconnaissance des lecteurs.

S’il salue la naissance de l’état d’Israël cette année-là, ses propos sont ambigus, comme tous ceux qu’il tiendra pendant la Seconde Guerre Mondiale et après, sans verser dans l’antisémitisme, bien au contraire. Sa femme d’origine juive se convertira au catholicisme en 1928, ce qui n’entamera pas le soutien de Maraï à la communauté juive.

Il restera toujours un homme proche du peuple, partageant sa souffrance, ses errements, ses contraintes. Homme engagé à gauche, il ne reniera jamais ses combats pour une reconnaissance d’un prolétariat ouvrier ou agricole, un homme de fidélité à ses convictions, plus fortes que les événements tragiques. Et un Européen de la première heure.

Pour finir, quelques citations de cet écrivain pas assez reconnu :

« Qu’est-ce qu’un écrivain ? Un homme chez qui la libido, ce courant vital, est plus forte que chez beaucoup d’autres. »

« Quel fut ce droitisme qui a causé la perte de la Hongrie ? Une croyance ? Un concept sacro-saint ? Une conviction idéologique ? Non c’était autre chose. »

« Celui qui se réfugie dans la mort pour fuir la peur n’est pas forcément un lâche (et quand bien même il le serait). Trouver le repos, quitter l’angoisse engendrée par l’épouvantable imbroglio des malentendus, c’est cela, la mort. Je la souhaite de plus en plus souvent ».

Dernier jour à Budapest, de Sandor Marai, aux éditions Albin Michel. 256 pages. 19,00€.

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