« Suite Française », le roman posthume d’Irène Némirovsky au cinéma

Bussy, été 1940. Lucile Angellier (Michelle Williams) attend son mari Gaston, qu’elle connait finalement à peine. Prisonnier de guerre, il a été déporté dans un camp de travail en Allemagne.

Lucile cohabite tant bien que mal avec sa belle-mère autoritaire (Kristin Scott Thomas) ; propriétaire terrien, elle fait le tour du village pour récupérer les loyers de ses métayers, suscitant leur empathie.

L’arrivée d’un régiment allemand  contraint les deux femmes à recevoir sous leur toit le lieutenant Bruno von Falk (Matthias Schoenaerts). Sa mission : lire les lettres de délation déposées à la Mairie du village. Lucile et l’officier ont tous deux la passion du piano, ce qui les rapproche peu à peu l’un de l’autre. Cet amour interdit aide la jeune fille à surmonter la guerre.

Tourné entièrement en anglais, ce film est une adaptation du best-seller posthume d’Irène Némirovski, écrivaine juive d’origine ukrainienne, assassinée à Auschwitz en 1942. Denise Epstein, sa fille, avait gardé pendant plus de cinquante ans une valise contenant des récits de sa mère, pensant qu’il s’agissait de son journal intime. Ce roman fut publié en 2004, a connu un grand succès et a reçu le prix Renaudot.

Suite française, c’est à la fois la guerre du point de vue des femmes, et le témoignage sur le comportement des français sous l’Occupation allemande : dénonciations, collaboration, et amoures clandestines. 100.000 enfants de parents franco-allemands sont nés pendant la guerre.

La distribution est de qualité : Michelle Williams (trois fois nommée aux Oscars pour Le secret de Brokeback Mountain, Blue Valentine et My week with Marilyn) incarne avec brio le personnage de Lucile Angellier, sans fard ni artifice. Kristin Scott Thomas (vue entre autre dans Elle s’appelait Sarah en 2011) est crédible dans son rôle sombre de belle-mère austère. Quant à Matthias Schoenaerts (Meilleur espoir masculin aux Césars pour De rouille et d’os), il est d’une remarquable justesse dans son rôle d’officier allemand, un être humain comme les autres, accomplissant juste son devoir. A noter également la présence de Lambert Wilson dans le rôle du Vicomte de Montmort.

Saul Dibb, le réalisateur (à qui l’on doit notamment The Duchess), nous offre une adaptation réussie, avec une maîtrise de l’histoire, un réalisme des décors, une sobriété des personnages, le tout porté par la musique, qui prend une place majeure dans le film.

Denise Epstein, sa fille, déclare : « C’est un sentiment incroyable de constater le succès obtenu par l’œuvre de ma mère… Cela prouve que les nazis n’ont pas vraiment réussi à la faire disparaître. Ce n’est pas une vengeance, c’est une victoire ».

Suite Française, de Saul Dibb. DVD. 103 minutes.

Si vous désirez aller plus loin :

Suite française, d’Irène Nemirovsky, aux éditions Folio. 576 pages. 9,50€.
Oeuvres complètes. Tome 1, d’Irène Nemirovsky, aux éditions Livre de Poche. 1.918 pages. 29,90€.
Oeuvres complètes. Tome 2, d’Irène Nemirovsky, aux éditions Livre de Poche. 2.000 pages. 29,90€.

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